30 septembre 2008

Sub'prise d'otage


"Ils ont maintenant fière allure les héros de la finance. Modernes et arrogants quand les marchés étaient haussiers, les voilà, tel le juge de Brassens face au gorille, "criant maman, pleurant beaucoup", et se jetant dans le giron de la "mamma étatique" qu'ils vomissent quand la fortune leur fait lâcher toutes les vannes de la régurgitation idéologique. Certes, la banque centrale, priée de venir les tirer de la déconfiture en baissant ses taux pour restaurer la liquidité générale, n'est pas le pôle public, le "hors-marché", abhorré quand les profits coulent à flots, supplié quand il fait mauvais temps." (...)
"Mais il ne faut pas s'y tromper. Cette position du banquier central n'est tenable que si les défaillances sont localisées. Qu'elles "coagulent" et précipitent un "risque de système"-c'est à dire par effet de domino, d'effondrement général-, et il n'aura d'autres choix que d'intervenir massivement.
C'est bien là le plus insupportable des méfaits de la finance, toujours encouragée à aller trop loin, c'est à dire au-delà du seuil où les autorités ne peuvent plus se désintéresser de ses infortunes et doivent plonger pour lui sauver la mise-la parfaite prise d'otages."

Quand la finance prend le monde en otage, par Frédéric Lordon, in Le Monde Diplomatique, Septembre 2007.

24 septembre 2008

Subpigeonades


Dégotez un pigeon sans un, et tapez lui du flouze. Promettez au perdreau qu'il retrouvera sa mise avant de rembourser sa première traite. Recommencez avec quelques autres...Puis filez claquer le pactole au casino, jouez à tout un tas de jeux différents, brouillez les cartes, mélangez le tout, et quand vous êtes raides faites un chrome chez le croupier. S'il rechigne, dites lui qu'une armée de caves vous bouffe à la pogne. C'est bon vous pouvez continuer à jouer. Allez-y plein tube, c'est ce soir la chance...soudain à la table du chemin de fer, vous croisez un des mecs que vous avez carambouillé...il veut son oseille. Il est pas seul...Ils sont tous là! Le croupier a flairé le manège et appelle la direction du Casino. Vous êtes cuit! Alors vous beuglez à qui veut bien l'entendre que les jeux sont truqués! Vous lâchez tout! On vous écoute! Vous trissez au milieu de la pagaille. Le casino ferme pour quelques jours. Il réouvrira et les pigeons reviennent toujours où il y a à grailler.

20 septembre 2008

Fil d'Ariane


Suivre un fil...courir...rebondir
y croire...s'exalter...
Tomber...souffrir...se perdre
reprendre ses esprits...oublier...
Et retrouver un fil...le suivre...
et recommencer.

18 septembre 2008

Trignac...gnac...gnac...


Bon, pendant qu'on Edwige à tout va sur fond d'ouragans financiers sans doute dû aux changements climatiques, courte série à Trignac. Squelette fantomatique d'une aciérie massive dont les ossements en béton armé n'en finissent plus de moisir. Un enchevêtrement de poutres, des creux vertigineux, rappellent au visiteur que les plus impressionnantes structures sont aussi des lieux de vide...Paradoxalement ces labyrinthes terrains de jeux du vent, sont souvent les plus difficiles à détruire.

13 septembre 2008

Le spirituel en vitrine


"L'un des plus puissants instruments du nouveau pouvoir est la télévision. Jusqu'à présent, l'Église ne l'a pas compris; au contraire, elle a, c'est pénible à dire, cru que la télévision était un instrument de pouvoir à elle; et, en effet, c'est indubitable, la censure de la télévision a été une censure vaticane. Non seulement cela, mais encore la télévision faisait une réclame permanente pour l'Église. Mais justement elle faisait là un type de réclame complètement différent de celui de la réclame au moyen de laquelle, d'une part, elle lançait des produits et, d'autres part et surtout, elle élaborait le nouveau modèle humain du consommateur.
La réclame faite à l'Église était désuète, inefficace, purement verbale, et trop explicite, lourdement trop explicite; un vrai désastre à côté de la réclame non verbale et merveilleusement facile faite aux produits et à l'idéologie de la consommation, avec son hédonisme parfaitement irréligieux (...)
Et l'Église devrait continuer d'accepter une telle télévision, un tel instrument de la culture de masse appartenant à ce nouveau pouvoir qui "ne sait plus quoi faire de l'Église"? Ne faudrait-il pas, au contraire, l'attaquer violemment, avec une fureur paulienne, justement à cause de son authentique irréligiosité, que régit avec cynisme un cléricalisme sans contenu réel?
Naturellement, plutôt que tout cela, c'est un grand exploit télévisé qui s'annonce pour l'ouverture de l'Année sainte. Eh bien, qu'il soit clair pour les personnes à l'esprit religieux que ces manifestations ne seront que de grandes et insignifiantes manifestations folkloriques, désormais politiquement inutiles même à la droite la plus traditionnelle."

Le petit discours historique de Castelgandolfo, 22 septembre 1974, in Ecrits corsaires de Pier Paolo Pasolini

4 septembre 2008

Le miroir qui begaie


"Le cœur de la cible, ce sont les musulmans. On retrouve ici la même rhétorique que dans les paragraphes consacrés aux "clandestins". Le but est toujours de définir l'identité nationale en dénonçant son contraire, dans la logique classique du "eux" et "nous". Là aussi, il n'est pas abusif de qualifier ces propos de "xénophobes" au sens ou l'Islam n'est évoqué que par des traits négatifs confortant ainsi les stéréotypes martelés par les médias depuis un quart de siècle.
Il faut toutefois préciser qu'à la différence du Front national ,Nicolas Sarkozy ne désigne jamais nommément le groupe qu'il montre du doigt. Néanmoins, il utilise la même technique de communication que Jean Marie Le Pen. (...) celui-ci a inventé une rhétorique adaptée à l'âge de la démocratie télévisée, procédant par allusions, en laissant le soin aux commentateurs et aux électeurs de compléter le raisonnement."

Gérard Noiriel "A quoi sert l'identité nationale?" P96.

"Il ne faut jamais s'attaquer à ceux qu'on n'est pas sûr d'achever".

Maurice Barrès, extrait D'un leurs figures.