21 février 2012

Justice OK, partis KO


"Justice OK, partis KO


Deux nouvelles, en apparence que séparent des années lumières, ont dominé la journée d'hier: le parti démocratique continue à perdre toutes les élections, même celles qu'il organise en son sein; et la décision de la Cour d'assise de Turin qui condamne à 16 ans les deux principaux dirigeants d'Eternit pour mise en danger délibéré de la vie d'autrui et manquement à la prévention des accidents du travail: une décision historique, tant par la nature des délits que par le nombre des parties civiles (6392) et le montant des peines. Mais qu'ont en comment ces deux informations? En apparence rien. Mais à y regarder d'un peu plus près, en réalité beaucoup.

La politique des vieux partis traditionnels écope d'un énième échec, tandis que la justice, après 20 ans d'attaques, de lois anti-procès et anti-juges, trouve encore en elle la force d'un coup de reins qui redore  l'image italienne dans le monde. En effet seule l'Italie semble en situation de pouvoir juger et condamner les puissants: les considérations politiques, diplomatiques, ou économiques ne peuvent entraver le cours d'une justice égale pour tous. Ceci est possible en Italie, grâce à la constitution, unique en son genre, elle est la garantie de l'égalité devant la loi des citoyens, de l'autonomie et de l'indépendance du pourvoir judiciaire: et pourtant ce pouvoir politique délabré, fossilisé et putréfié, tente depuis 20 ans de l'anéantir.


La condamnation des deux criminels d'Eternit doit son existence qu'à la ténacité d'un procureur, Raffaele Guariniello, depuis toujours vilipendé, attaqué, désarmé, pour le seul fait d'avoir sans relâche défendu les faibles des délits des puissants. En 1971 il ose profaner le sanctuaire de la FIAT il y découvrira la honte du fichage de la firme, il traînera ensuite sur le banc des accusés les pétroliers, les argentiers du football, ThyssenKrupp et tant d'autres qui bafouaient le droit, la santé et la sécurité des travailleurs (...) 

Une telle enquête aurait-elle pu voir le jour, nous réjouirions-nous de cette décision aujourd'hui, si la scélérate loi Pini sur la responsabilité civile des magistrats, approuvée par la ligue, le parti de la liberté et 50 francs-tireurs de centre gauche, avait été en vigueur? Si les magistrats avait su qu'une multinationale puissante comme Eternit, possédant des ramifications à travers le monde, avait pu les attaquer personnellement leur demandant des millions de dommages et intérêts pour le seul fait d'avoir osé faire leur travail sur les causes des milliers de morts dus à l'amiante, auraient-ils enquêté? La réponse est claire, alors en Italie aussi se serait répétée la honte française, suisse, brésilienne, chinoise et indienne, où des milliers de travailleurs meurent de l'amiante qu'ils ont respiré dans les maisons Eternit, sans que personne n'en réponde devant un tribunal; ceci parce que la justice est contrôlée par le politique et ce dernier sait bien qui le finance.

Aujourd'hui ces partis politiques qui ne se dissimulent même plus derrière les oripeaux des techniciens, qui perdent leurs propres primaires (...) qui se laissent voler par leurs propres membres, n'existent que par les talk-show, les JT et le financement public, prétendent maintenant réformer la constitution, la justice, se faire une énième loi électorale sur mesure et enfin voler aux travailleurs leur dernier droit: celui de s'adresser à un juge si leur employeur les vire sans motif. (...)"



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