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2 septembre 2010

Diversion massive


Depuis quelques temps nous n'avons plus nos Roms...ils ont déserté la rue de l'Ourcq...vacances low cost à 300 boules...sans doute. C'est qu'il faut parfois changer de montures, pour en ménager l'usage. Après la Courneuve et l'insécurité des faubourgs...les "jeunes"...bé y a qu'à faire les Roms. Relents Vichystes? Ha non! Rien à voir! Celle-là est réservée. Pas touche! Bon, bon...M'enfin des ressemblances dans la recette, un peu non? Ennemi intérieur et bouc-émissaire. Grand classique. On parlera d'autre chose...des fois que la rentrée soit...hum...sociale? Rentrée? Tous en rang! Bougez plus! Je change la bobine, le temps de descendre aux archives.
 

1 août 2010

La roue électrique


Je signale en passant pour tous les amateurs, l'excellent travail d'un maître du genre.
Bon décrochage à tous ceux qui ont pu faire relâche, courage aux autres.

13 juillet 2010

Au-delà de l'arc-en-ciel


"Jour de la remise des diplômes. En toque et en robe, nous entrâmes dans le grand auditorium sur l'air de "Pomp and Circumstance". Il faut croire que nous avions appris quelque chose pendant ces trois dernières années. Nous étions probablement un peu meilleurs en orthographe et avions, physiquement, beaucoup grandi. J'étais toujours puceau. "Alors Henry, toujours pas décapsulé?" "Eh non, eh non", répondis-je.
Jimmy Hatcher était assis à côté de moi. Le principal était en train de faire son discours et raclait le fond du vieux tonneau à merde avec un bel enthousiasme.

" L'Amérique, c'est le pays où l'on peut tenter sa chance et, homme ou femme, il suffit de vouloir pour réussir...
-Comme plongeur dans un resto, fis-je.
-Comme employé à la fourrière, ajouta Jimmy.
-Comme cambrioleur, fis-je.
-Comme éboueur, dit-il.
-Comme infirmier psychiatrique, se reprit-il.
-L'Amérique est courageuse...ce furent des gens pleins de courage qui la bâtirent...Notre société est juste...
-Juste pour quelque-uns, fit Jimmy.
-Une société de justice et tous ceux et toutes celles qui veulent de ce rêve, là-bas, au-delà de l'arc-en-ciel, trouveront...
-Une grosse merde bien velue, proposai-je."

Souvenirs d'un pas grand chose, Charles Bukowski, 1982.

6 juillet 2010

Au moment même


"Lorsqu'on examine ce qui s'est passé depuis 1930, il n'est pas facile de croire à la survie de la civilisation. Je ne suggère pas, à partir de ce constat, que la seule solution est de renoncer à la politique quotidienne, de se retirer dans un lieu éloigné et de se concentrer sur son salut personnel, soit sur la création de communautés autonomes en prévision du jour où les bombes atomiques auront fait leur travail. Je pense qu'il faut poursuivre la lutte politique exactement comme un médecin doit tenter de sauver la vie d'un patient, même s'il a de grandes chances de mourir. Mais il me semble que nous n'iront nulle part tant que nous ne reconnaîtrons pas que le comportement politique est en grande partie non rationnel, que le monde souffre d'une sorte de maladie mentale qu'il va falloir guérir. Le point important est que la grande majorité des calamités qui s'abattent sur  nous ne sont absolument pas nécessaires. On pense communément que le désir des êtres humains est de se sentir en sécurité. Eh bien, nous avons aujourd'hui la possibilité de nous sentir en sécurité, ce qui n'était pas le cas de nos ancêtres. La nature peut parfois riposter par un tremblement de terre ou un cyclone, mais elle a été en grande partie vaincue. Et pourtant, au moment même où il y a, où il pourrait y avoir, suffisamment de tout pour chacun, toutes nos énergies ou presque, sont dévolues à essayer de nous prendre les uns aux autres des territoires, des marchés et des matières premières. Au moment même où les biens pourraient être distribués à tous de telle sorte qu'aucun gouvernement ne puisse craindre d'opposition sérieuse, la liberté politique est déclarée impossible et la moitié du monde est dirigée par des forces de police secrète. Au moment même où les superstitions s'effondrent et où une attitude rationnelle devant l'univers devient possible, le droit à penser ses propres pensées est nié comme jamais auparavant. Le fait est que les êtres humains n'ont commencé à se battre sérieusement les uns contres les autres qu'à partir du moment où il n'y avait plus vraiment de raison de le faire."

George Orwell, 29 novembre 1946 (A ma guise, chroniques 1943-1947).

23 juin 2010

Désordre (re) local


"Relocaliser"...le mot est même pas reconnu par le correcteur orthographique de ce bousin et pourtant c'est bien ce qui pourrait arriver à la production d'une bagnole italienne. Jusqu'ici la caisse à savon était produite en Pologne et voilà pas qu'un referendum d'entreprise approuve le retour des chaines de montages en Italie. A la clef, une cure drastique pour les salariés: heures sup' à gogo, pauses sucrées, absentéisme fliqué, indemnités maladie dans le ionf et turbinage 6 jours sur 7....j'en passe. Excédés de voir le taf leur filer entre les pognes, les syndicats polaks rechignent et estiment le cocktail antisocial "insupportable pour les italiens". Bon, le tableau est presque complet, dans une Europe libérale jusqu'aux sphincters, l'effet level playing field joue à fond les ballons...la mise en concurrence des systèmes sociaux est bien le but ultime de la manœuvre...un seul objectif : essorer la bête pour qu'elle crache quelques points supplémentaires de valeur. Le tout sur fond de rivalités salariales transfrontalières genre "c'est à babord qu'on taf le plus pour rien". En attendant la relocalisation en provenance de Shenzhen...voire relocalisation espace temps...je reviens du XIXème avec ma chaîne de montage, préparez les gosses pour la clef à molette...yeah!

18 juin 2010

La recette des poutres


Aller hop! Une chtiote réforme des retrait'...y avait longtemps. Une grosse couche d'espérance de vie qui monte, un nappage léger de privilèges des fonctionnaires, un zeste de panique sur le chiffrage...faites cuire thermostat 5 pendant la coupe du monde...et le tour est joué! Les bien nommés partenaires sociaux joueront leur partie et organiseront une gentille petite randonnée pédestre entre bastoche et république...Pas de menace sur la AAA à l'horizon... la grande Duduche de Bercy le glisse sans rire, tout ça c'est fait pour faire plaisir à la corbeille...et pour saigner encore un peu le pôvre! Qui du coup d'ici peu et à force de voir la pension lui filer entre les pognes, trouvera que des avantages aux fonds du même nom...Car c'est pas ailleurs qu'il faut chercher la raison de tout ce cirque...quand on veut tuer son chien...les vautours sont déjà à la porte, plan marketing prêt à jaillir de la dernière I-couille...et le flouze repartira dans le tube du grand casino...Les jeux sont faits!...nous aussi...Rien ne va plus!

14 juin 2010

Faire le mur


Alors voilà, vous voulez inviter une parente à votre mariage. Le hic c'est qu'elle habite du mauvais côté de la Méditerranée. Dans ce cas voyez-vous ça ce complique un chouïa...car en vertu de la sédimentation législative qui tient lieu de code de la nation-sécuritaire-qui-reste-quand-même-le-berceau-des-droits-de-l'homme, bé il faut un visa de tourisme et une décla en mairie signifiant que vous accueillez un estranger. Formalité? Neni. Pas moyen! Vous comprenez des fois que passée la cérémonie une envie subite de profiter des privilèges de notre beau pays vous saisisse...histoire de goûter aux joies de la clando', cache-cache avec la PAF! Les arrières cuisines des restos de la bonne boubouffe bien de chez nous....voire, un petit stage de services à domicile dans le 16ème, payée 10€ par mois et une gamelle à côté du clebs. Hein? Tentant non? Tradition d'accueil mon derche! Ha!....Si tu sais pousser la baballe avec ton pied c'est pas la même. Là on oublie le formulaire Z385287B...
Bref. Cette histoire véridique s'est bien soldée, visa il y eut et la tata a pu assister à l'union de sa nièce, moyennant quelques habiles courriers et un rien d'entregent....Pour combien d'autres à la porte...

8 mai 2010

Du flan dans le béton armé


Voilà voilà que ça recommence...on la croyait passée la grosse Bertha financière, tu parles! Un amuse gueule pour tester l'appétit...Cette fois c'est "joue avec les Pigs"...plouf! plouf! Ce sera toi le petit cochon! Bhâââ....tu as laissé une pas belle dette derrière toi...manque de pot tu peux pas faire rouler la planche à billets. Le club de Bruxelles te lâche en route...en serrant le string pour qu'on regarde pas trop dans leur gamelle...Alors voili ta note qui dégringole! Du BBB pour commencer. Et si tu mets pas la piétaille à ta botte ce sera du CCC...C'est pas de l'andouillette ça mon pote! Tire dans la foule! Tu verras si ton rating décolle... Sinon bouffe toi les méchants taux d'usure....Et au suivant! Stratégie du choc vous disiez? Et bien, cela fonctionne à merveille. Tant qu'ils gagnent ils jouent...La question c'est jusqu'où, parce que pour le moment rien, absolument rien ne peut arrêter l'engin.

17 avril 2010

Le style aux commandes



"Annonçant que le ministère du commerce s'apprête à lever l'interdit sur les pantalons à revers, la publicité d'un tailleur salue cet évènement comme "le premier acompte de la liberté pour laquelle nous nous battons".

Si nous nous étions vraiments battus pour les pantalons à revers, j'aurais dans doute penché pour les forces de l'axe. Les revers ne servent à rien, sauf à récolter la poussière, et ils ne présentent aucun avantage, sauf les six pence qu'on y retrouve parfois quand on les nettoie. Mais, sous le cri de jubilation de notre tailleur, il y a une arrière-pensée: d'ici peu l'Allemagne sera vaincue, la guerre pratiquement finie, le rationnement moins strict, et on assistera alors au retour fracassant du snobisme vertimentaire. Voilà un espoir que je ne partage pas. Plus tôt cessera le rationnement alimentaire et plus je me réjouirai. Mais je ne voudrais voir le rationnement vestimentaire se poursuivre jusqu'à ce que les mites aient le dernier smoking et que les ordonnateurs de pompes funèbres eux-mêmes aient abandonné le haut-de-forme. Il me serait indifférent de voir la nation tout entière porter des uniformes teints pendant cinq ans si c'était le moyen d'éradiquer l'une des principales sources de snobisme et de jalousie. Le rationnement vestimentaire n'a pas été conçu dans un esprit démocratique, mais il a tout de même entraîné une certaine démocratisation. Si les pauvres ne sont pas beaucoup mieux habillés, du moins les riches sont-ils plus miteux. Et comme aucun véritable changement structurel ne se produit dans notre société, le nivellement qu'engendre mécaniquement une simple pénurie vaut toujours mieux que rien."

Georges Orwell , Chronique du 4 février 1944 (A ma guise, chroniques 1943-1947).

21 mars 2010

Ceux qui osent....


"En réalité, c'est l'interventionnisme des États et l'affaiblissement des disciplines du capitalisme à notre époque qui ont empêché les marchés de jouer leur rôle régulateur."

"Les décisions financières à notre époque sont prises par des manageurs non capitalistes - des salariés - et pas par de vrais capitalistes, c'est à dire des propriétaires responsables et soucieux d'éviter la faillite de leurs entreprises."

"En définitive, revenir au capitalisme, c'est revenir à une véritable éthique sociale qui est malménée par l'interventionnisme étatique. En effet, le capitalisme peut se définir comme un système de droits de propriété légitimes et il repose sur l'exercice de la responsabilité individuelle. En tant que tel, il est seul système social dont les fondements sont de nature morale."


Le Monde daté du 20 mars 2010, Pascal Salin "Revenir au véritable capitalisme c'est l'étatisme qui a nourri la crise".

8 mars 2010

L'ordinaire conspiration


"Avec la permission d'une correspondante, je vais citer quelques passages d'une lettre d'instructions qu'elle a reçue il y a peu d'une école de journalisme bien connue (London School of Journalism) :

"Un grand nombre de vos lecteurs seront des gens qui n'ont pas du tout envie de considérer les employeurs comme esclavagistes et des méchants capitalistes de la société (...) Écrivez simplement et avec naturel, sans essayer de faire de longues phrases ni d'utiliser de grands mots. Rappelez-vous que le but est de divertir. Aucun lecteur, après une journée de travail, n'aura envie de lire une liste des doléances de quelqu'un d'autre. Mettez un frein à votre désir de parler des "maux" de l'industrie minière. Il y a des millions de personnes qui n'oublieront jamais que les mineurs ont fait grève tandis que nos fils et maris se battaient contre les allemands. Où seraient les mineurs si les troupes avaient refusé de se battre? Je mentionne ceci pou vous aider à voir les choses sous un angle différent. Je vous déconseille d'écrire sur des sujets à controverse. Ils sont difficile à vendre. Une description simple de la vie des mineurs a bien plus de chance. (...)
Le lecteur moyen accepte volontiers qu'on lui parle d'autres modes de vie que le sien - mais, à moins d'être un imbécile ou un gredin, il ne prêtera l"oreille à de la propagande partiale. Oubliez donc vos griefs et dites-nous un peu comment vous vous débrouillez dans un village minier typique. Un des magazines féminins acceptera certainement de lire un article sur ce sujet écrit par une ménagère."  (...)
Il ne s'agit pas d'un complot capitaliste voilé pour droguer les ouvriers. La personne qui a écrit cette lettre peu soignée n'est pas un sinistre conspirateur mais simplement un âne (ou une ânesse, je dirais, d'après le style) sur lequel des années de bombardements et de privations n'ont eu aucun effet. Cette lettre démontre à quel point  les habitudes mentales d'avant guerre sont des mauvaises herbes à la vitalité invincible."

Georges Orwell, Chronique du 6 octobre 1944 (A ma guise, chroniques 1943-1947).

11 février 2010

Au large


Les seasteaders libertariens sont les héritiers de cette tradition visionnaire, mais ils trahissent leur politique de classe en la dégradant. Ils rendent presque leur critique radicale nostalgique de rêves ennemis grandioses. Leurs monolithes intransigeants de l'architecture fasciste et stalinienne témoignaient des ambitions gigantesques monstrueuses de leurs commanditaires. Mais si New Utopia, le plus fou des seasteads libertariens, teinte son Miami-isme terne de juste ce qu'il faut de barbe à papa Vegas pour laisser entrevoir un baroque anémié, Freedom Ship est un centre commercial flottant à l'allure d'hôtel méditerranéen de milieu de gamme. Mais la défaite de l'imagination utopique n'est nulle part plus frappante que dans les projets de ville flottante toujours influents, bien qu'enterrés depuis longtemps, d'Atlantis Project.
C'est un rêve libertarien. Des quartiers hexagonaux d'appartements carrés bordurés conventionnellement de minuscules parcs bien peignés et des marinas merveilleusement monotones, l'âme d'une banlieue de Floride. C'est la gated community ultime, conçue non pour les très riches et certainement pas pour les très puissants, mais pour ceux qui le sont moyennement. En tant qu'utopie, Atlantis Project fait pitié. Passée son unique raison d'être, sa situation sur les mers, il est tragiquement dénué de toute ambition, estropié par l'anxiété de classe, nostalgique, pas même d'un glorieux passé mythique, mais de fausse vertu anonyme de fifities fantasmées. Ce n'est pas une vision de la classe dirigeante, plutôt la rêverie plaintive d'une petite bourgeoisie apeurée qui, face à ce qu'elle percoit comme problèmes sociaux, n'a trouvé que cette solution boudeuse: fuir, faire voile vers un crépuscule sans impôts.

China Miéville, Utopies flottantes in Paradis infernaux, les villes hallucinées du néo-capitalisme 2008.

29 janvier 2010

Ce qu'il en restera....


"Votre avion commence sa descente, vous êtes littéralement scotché au hublot. La scène est proprement stupéfiante: un archipel d'îles aux tons coralliens forme un puzzle presque complet de 60km² imitant les contours d'une mappemonde. Des eaux vert émeraude et peu profondes qui séparent les continents surgissent les silhouettes immergées des pyramides de Gizeh et du Colisée romain."
(...)
"Alors que l'avion vire lentement en direction du désert, un spectacle encore plus invraisemblable vous coupe le souffle: d'une forêt de gratte-ciels chromés surgit une tour de Babel d'une hauteur invraisemblable-huit cent mètres, plus haut que deux Empire State Building empilés l'un sur l'autre. Vous n'avez pas fini de vous pincer l'avant-bras que l'avion atterri: le centre commercial de l'aéroport vous accueille, offrant aux regards concupiscents des montagnes de sacs Gucci, de montres Cartier et lingots d'or d'un kilo pièce. "
(...)
"Votre hôtel en forme de méduse, l'Hydropolis se situe à vingt mètres sous la mer. Chacune des deux cent vingt luxueuses suites est équipée de murs plexiglas qui offrent une vue spectaculaire sur les évolutions de gracieuses sirènes et sur le célèbre "feu d'artifice sous-marin": un show hallucinant "d'eau, d'air et de sable tourbillonnant éclairé par un jeu de lumière sophistiqué."
(...)

"Bienvenue dans cet étrange paradis. Mais où êtes-vous donc? Dans le nouveau roman de Margaret Atwood, dans la suite posthume du blade runner du Phillip K. Dick ou dans la tête d'un Donald Trump sous acide? Erreur. Vous êtes à Dubaï, ville-État du Golfe persique, en 2010."

Le Stade Dubaï du capitalisme, Mike Davis, in Paradis Infernaux Les villes hallucinées du néo-capitalisme 2008.

16 janvier 2010

Du bon du côté du bistouri


"Il y eut un petit déclic. Tout cela était très paisible. C'aurait tout aussi bien pu être la minuterie automatique, ou alors le réflecteur métallique de la lampe qui chauffait. C'était rassurant, cela calmait sauf que lorsque je recommençais à y songer, je décidai que tout ce qu'ils étaient en train de faire pour moi était inutile. Je me dis qu'au mieux l'aiguille laisserait des cicatrices pour le restant de mes jours. Ce n'était déjà pas mal, mais n'était rien encore à côté de ce qui me tracassait, c'était qu'ils ne savaient absolument pas comment s'occuper de moi.  Je le sentais dans leurs discussions et dans la façon dont il me traitaient. Ils hésitaient, ils étaient mal à l'aise et pourtant, rien de tout cela ne les intéressait: je les rasais. Et, pour finir, rien de ce qu'ils faisaient n'avait d'importance. Il fallait seulement faire quelque chose. N'importe quoi. Ne rien faire n'aurait pas été professionnel.
On expérimentait sur les pauvres et si ça marchait, on étendait le traitement aux riches. Quand ça ne marchait pas, on se disait que des pauvres, il y en aurait toujours assez pour continuer à expérimenter autre chose."

Charles Bukowski, Souvenirs d'un pas grand chose, 1982.

3 janvier 2010

2010...et il ne s'est rien passé...




 Allez-y, basculez les résolutions et tout le tremblement. 2010 s'installe et il ne s'est strictement rien passé, la finance crise toujours un peu, les bonus sont toujours bien distribués, les Stasunis sont toujours en guerre, les conférences climato-chose ne servent décidément à rien, Battisti court toujours mais moins vite, les chroniqueurs racontent encore les mêmes insanités en boucle, le parti socialiste continue de flotter quelque part...Seul point d'encrage dans ce néant, nos petites Friches. Ouf!..On a encore un peu de stock pour alimenter cette année. Alors tous mes vœux et belles balades.

8 décembre 2009

Retour à la terre



"Il s'agit à la fois de sélectionner les animaux pour leur faire produire d'avantage de nourriture et de lait. Mais aussi, d'une certaine façon, de sélectionner les humains. Vissac, dans son grand livre-testament, note sans état d'âme apparent que la décision a été prise de partager les paysans en trois catégories, l'une devant disparaître, une deuxième devant être aidée par l'État à se "moderniser", et la troisième, déjà assez puissante pour se contenter d'un "accompagnement" vers les lendemains qui chantent. Ce qui donne: "Cette répartition correspond à un véritable processus de sélection, humaine celle-là. Elle n'est plus de l'ordre de l'évolution sociale lente, mais correspond à une véritable décision imposée par une génération humaine qui précède et à celle qui suit."

In Bidoche, page 251, Fabrice Nicolino, édition les liens qui libèrent, 2009.

7 décembre 2009

Alter ego



"Je les regardai sortir de l'eau: on luisait de partout, on avait la peau douce et on était jeunes, on ne savait pas la défaite. Je voulais qu'ils veuillent de moi. Mais je refusais que ce soit par pitié. Et pourtant, malgré leurs corps et leurs esprits lisses et intacts, il leur manquait quelques chose: au fond, rien ne les avait jamais éprouvés. Lorsque, pour finir, l'adversité se mettrait de la partie, il serait peut-être trop tard. Ou alors, elle frapperait trop fort. Alors que moi, j'étais prêt. Enfin, peut-être."


Souvenirs d'un pas grand-chose, Charles Bukowski, 1982.

13 novembre 2009

Aux crochets des hommes



"La chimie a fait des progrès considérables, et nous pouvons savoir ce qui, dans la viande, les fromages, le beurre, donne leur goût à ces produits. Par conséquent, on peut extraire ces substances chimiques et les remttre dans, par exemple, des viandes artificielles. On fait du jambon, on fait du bifteck, on fait ce qu'on veut avec ces produits là."

"Au lieu de laisser les enzymes agir dans nos estomacs, eh bien on peut injecter les enzymes dans la carcasse de l'animal et leur laisser fairele travail d'attendrissement avant consommation (...) On pourrait, si on le désirait, prédigérer l'animal, en quelque sorte, et rendre les morceaux plus tendres dans l'assiette."

Raymon Février, Inspecteur Général de L'INRA, 1970, In Bidoche, Fabrice Nicolino, 2009.

1 novembre 2009

Culture hors sol



Le 104, enclave culturelle du 19ème arrondissement Parisien, périclite: "Mais comment faire décoller le lieu ? Cantarella et Fisbach demandent qu'on leur donne du temps. Et un peu plus d'argent. L'enveloppe actuelle de 8 millions d'euros, à laquelle il faut ajouter quelque 2,5 millions d'euros de ressources propres (location d'espace, mécénat), ne suffirait pas." Le Monde, 31.10.09.

Et combien encore? 8? 10? 12? Qui dit mieux? Et qu'on me fasse pas le coup du poujadisme rampant...Comme si un gros chèque allait régler le problème...Faire de la culture hors sol à coup de carnet d'adresse et de réseaux, au mépris du contexte local de l'arrondissement, à la barbe des services publics de base et nappée de sophistication glacée. Voilà le concentré de jacobinisme...la culture d'État. La recette miracle? Embaumez moi ça les croquemuches!

Bastion...baston!


Bastion, forteresse, citadelle...c'est le déluge pour désigner cet autre château fort de la mythologie sociale que fut Renault-Billancourt. Quand le site ferme en 1993 le département des Hauts de Seine décide de trier sur le volet quelques photographes pour immortaliser le paquebot, sentant bien que la pelleteuse n'était pas loin. Seulement la visite se fait à "objectif guidé" et sous haute surveillance. La direction de Renault ne tient pas à ce qu'on sacralise le panthéon de la lutte syndicale. S'il y avait moyen de lisser tout ça et qu'on ne retienne que la gloire industrielle...le reste? Aux oubliettes de l'histoire...sans blagues...le mur est tombé. Bref cette première visite sera sertie, rivetée, expurgée. De fait, Billancourt restera, avant sa mise à mort définitive, assez largement et efficacement soustraite aux regards indiscrets. L'étau se desserrera à peine 10 ans plus tard, juste avant que le navire ne soit sabordé.

Rien d'étonnant me direz-vous? Depuis 1984 on sait bien que rien ne vaut un bon contrôle de l'histoire pour faire passez la pilule. Certes. Depuis il y a eu le Technocentre, opportunément surpassé par France Télécom. Au suivant.