16 janvier 2010

Du bon du côté du bistouri


"Il y eut un petit déclic. Tout cela était très paisible. C'aurait tout aussi bien pu être la minuterie automatique, ou alors le réflecteur métallique de la lampe qui chauffait. C'était rassurant, cela calmait sauf que lorsque je recommençais à y songer, je décidai que tout ce qu'ils étaient en train de faire pour moi était inutile. Je me dis qu'au mieux l'aiguille laisserait des cicatrices pour le restant de mes jours. Ce n'était déjà pas mal, mais n'était rien encore à côté de ce qui me tracassait, c'était qu'ils ne savaient absolument pas comment s'occuper de moi.  Je le sentais dans leurs discussions et dans la façon dont il me traitaient. Ils hésitaient, ils étaient mal à l'aise et pourtant, rien de tout cela ne les intéressait: je les rasais. Et, pour finir, rien de ce qu'ils faisaient n'avait d'importance. Il fallait seulement faire quelque chose. N'importe quoi. Ne rien faire n'aurait pas été professionnel.
On expérimentait sur les pauvres et si ça marchait, on étendait le traitement aux riches. Quand ça ne marchait pas, on se disait que des pauvres, il y en aurait toujours assez pour continuer à expérimenter autre chose."

Charles Bukowski, Souvenirs d'un pas grand chose, 1982.

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