13 septembre 2008

Le spirituel en vitrine


"L'un des plus puissants instruments du nouveau pouvoir est la télévision. Jusqu'à présent, l'Église ne l'a pas compris; au contraire, elle a, c'est pénible à dire, cru que la télévision était un instrument de pouvoir à elle; et, en effet, c'est indubitable, la censure de la télévision a été une censure vaticane. Non seulement cela, mais encore la télévision faisait une réclame permanente pour l'Église. Mais justement elle faisait là un type de réclame complètement différent de celui de la réclame au moyen de laquelle, d'une part, elle lançait des produits et, d'autres part et surtout, elle élaborait le nouveau modèle humain du consommateur.
La réclame faite à l'Église était désuète, inefficace, purement verbale, et trop explicite, lourdement trop explicite; un vrai désastre à côté de la réclame non verbale et merveilleusement facile faite aux produits et à l'idéologie de la consommation, avec son hédonisme parfaitement irréligieux (...)
Et l'Église devrait continuer d'accepter une telle télévision, un tel instrument de la culture de masse appartenant à ce nouveau pouvoir qui "ne sait plus quoi faire de l'Église"? Ne faudrait-il pas, au contraire, l'attaquer violemment, avec une fureur paulienne, justement à cause de son authentique irréligiosité, que régit avec cynisme un cléricalisme sans contenu réel?
Naturellement, plutôt que tout cela, c'est un grand exploit télévisé qui s'annonce pour l'ouverture de l'Année sainte. Eh bien, qu'il soit clair pour les personnes à l'esprit religieux que ces manifestations ne seront que de grandes et insignifiantes manifestations folkloriques, désormais politiquement inutiles même à la droite la plus traditionnelle."

Le petit discours historique de Castelgandolfo, 22 septembre 1974, in Ecrits corsaires de Pier Paolo Pasolini

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