30 septembre 2008

Sub'prise d'otage


"Ils ont maintenant fière allure les héros de la finance. Modernes et arrogants quand les marchés étaient haussiers, les voilà, tel le juge de Brassens face au gorille, "criant maman, pleurant beaucoup", et se jetant dans le giron de la "mamma étatique" qu'ils vomissent quand la fortune leur fait lâcher toutes les vannes de la régurgitation idéologique. Certes, la banque centrale, priée de venir les tirer de la déconfiture en baissant ses taux pour restaurer la liquidité générale, n'est pas le pôle public, le "hors-marché", abhorré quand les profits coulent à flots, supplié quand il fait mauvais temps." (...)
"Mais il ne faut pas s'y tromper. Cette position du banquier central n'est tenable que si les défaillances sont localisées. Qu'elles "coagulent" et précipitent un "risque de système"-c'est à dire par effet de domino, d'effondrement général-, et il n'aura d'autres choix que d'intervenir massivement.
C'est bien là le plus insupportable des méfaits de la finance, toujours encouragée à aller trop loin, c'est à dire au-delà du seuil où les autorités ne peuvent plus se désintéresser de ses infortunes et doivent plonger pour lui sauver la mise-la parfaite prise d'otages."

Quand la finance prend le monde en otage, par Frédéric Lordon, in Le Monde Diplomatique, Septembre 2007.

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