11 novembre 2010

Avec un petit H


Moi, les grandes commémorations ça m'inspire. Alors continuons et révisons notre histoire , comme disait l'abbé Pierre. Hum... Retour sur le parfum nauséabond des années 30 et sa méchante cri-crise, qui n'est pas sans rappeler la patauge contemporaine.

"L'Etat se montrait pourtant digne de la réputation de défenseurs des intérêts de la grande bourgeoisie "en 1793, 1830, 1848 ou 1871" que lui confère Robert Young en cherchant des antécédents aux années 1936-1939. Elle avait été, Comité des houillères et des Forges en tête, cajolé par l'Etat en guerre puis vainqueur. Elle en avait reçu des privilèges qui emplirent la chronique de la police financière puisée au renseignement bancaire, riche en scandales tus ou éclatés. Elle n'avait rien à envier à l'étatisation de l'économie allemande depuis l'ère Brüning, c'est à dire à sa socialisation des pertes. La générosité étatique avait à l'automne 1931 atteint un degré tel que "dans les milieux bancaires, on craignait que la divulgation du montant des sommes avancées par le Trésor aux banques et à diverses entreprises privées n'accentuât la défiance du public vis à vis des établissements de crédit, ce qui se traduirait par une reprise des retraits de fonds". (...)
"La banque de France fit mieux. Ce héraut de la rigueur financière, qui pourfendait les dépenses funestes de l'Etat et le déficit budgétaire, comptait aussi sur le Trésor. Elle avait tué dans l'oeuf la réforme fiscale du Cartel des Gauches, joué contre le franc et animé la spéculation qui avait fait flamber la livre sterling et le dollar. Elle tira de l'ère Poincaré, son oeuvre, grande satisfaction, perceptible dans sa prose et sa presse. Elle n'en poursuivit  pas moins les sorties d'or vers Londres pour amasser un important portefeuille de livres sterling qui, à de certains moments, atteignit plus de la moitié des encaisse-or de la Banque d'Angleterre. Ce paradis sterling s'effondra dans la tempête financière allemande de l'été 1931 (...) La dévaluation consécutive transforma des gains clandestin en pertes nécessitant sauvetage public."

Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite, les élites françaises dans les années 1930, deuxième édition 2010, pages 49 à 51.

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