13 décembre 2008

fatras chomskritique


Pendant que des types se meulent à en crever à tant être fixement sans domicile, que des pandores se font un petit revival de la milice en traquant la graine d'ultra dans nos écoles républicaines, les chapelles gauchistes encensent leurs dieux païens. Chomsky et Compagnie, c'est le dernier né des usines Mermet, concocté avec l'aide des AMG (auditeurs modestes et géniaux) ce documentaire est idolâtre sur la sommité éponyme. Le genre n'est pas nouveau, Carles avait commis le même type avec Bourdieu. Et c'est parti pour 1h45 de brosse à reluire et d'incantation mystique à la gloire de l'idôle, et pas question de cracher dans la soupe hein!?...Pas d'irrévérence chez ceux là même qui se targuent de traquer la violence symbolique chez les dominants...paf! un bel effet de reproduction dans le champ de la critique "radicale", où on gobe les paroles d'évangiles.
Tiens, l'épisode "Faurisson" en est un bel exemple, au cours duquel Chomsky s'était copieusement pris les pieds dans le tapis en signant, pensait-il, une pétition de défense de la liberté d'expression...en l'occurence la liberté de "Faurisson" à réviser son histoire de l'holocauste. Voici un extrait du texte de la supplique que paraphait l'ami américain de Mermet:

"Le Dr Robert Faurisson a occupé pendant plus de 4 ans, et avec considération, un poste de professeur de littérature française (...) à l'université de Lyon 2 en France. Depuis 1974 il a entrepris une recherche historique indépendante et approfondie sur la question de l'holocauste"

Bon, ben tout roule, le type est propre, sérieux quoi...scientifique tiens! Fallait quand même que le Chomsky ait un sacré besoin de défendre la légitime liberté d'opinion et d'expression pour aller jusqu'à signer une connerie pareille, qui pour le coup défend un peu plus le "sérieux" d'un type que sa liberté à dire des conneries. Mais, bon tout le monde peut se planter, pas vrai? Mais pas Chomsky, nan pas lui, pas touche! Des années après il maintient, premier amendement de la constitution des Sta'sunis en tête, qu'il n'a pas franchi la ligne. L'âge sans doute...
Mais plus inquiétant, c'est qu'il y ait toujours des gars comme Mermet pour lui passer les plats, comme un vulgaire Serge Moati...

12 décembre 2008

Fermez l'écoutille des mots


"Pour qui trouverait qu' "innovation" est la neutralité et l'innocence mêmes, il suffirait de suggérer l'expérience de pensée consistant à se revendiquer ouvertement contre "l'innovation financière", et notamment d'imaginer au bout de combien de temps surgirait l'imputation d'être "contre l'innovation " tout court, c'est à dire en définitive "contre le progrès".

Aussi décisif que le choix des armes, le choix des mots est de ceux dont on fait les avantages stratégiques les plus difficiles à réduire -parce que inaperçus des opposants, et les emprisonnant d'emblée dans des alternatives de sens où ils sont certains de n'avoir que la plus mauvaise place. Quand le problème de la financiarisation est mis dans les termes de "l'innovation", mot si chargé de valeurs positives et bien certain de pouvoir mobiliser à son profit tous les arrières-plans de l'idée de "progrès", il ne faut pas s'étonner que les contradicteurs se trouvent immédiatement renvoyés au registre du passéisme ou de l'archaïsme-c'est à dire que le combat soit perdu d'avance.

Pour avoir une idée de ce que peuvent être ces coups de force lexicaux, il est utile de savoir que pendant des années et aujourd'hui encore d'ailleurs, la littérature académique, censément la plus rigoureuse, n'a pas hésité à qualifier de "répression financière" tous les systèmes financiers qui n'avaient pas consenti à se rendre au modèle des marchés intégralement dérèglementés. Les défenseurs de l'objectivité de la science n'ont visiblement pas été gênés du choix d'un mot-répression-dont l'évidente neutralité laisse tout de même accroire que le moindre projet de restriction aux aises de la finance fait immédiatement tomber dans la catégorie des amis du goulag."

"Jusqu'à quand? Pour en finir avec les crises financières". Frédéric Lordon, 2008.

3 décembre 2008

Le tampon des immeubles


L'effet tampon des grands ensembles? Le gardien, la bignole, les concierges, les portiers, le pipelet, la jacasse..les miens sont pas ordinaires. Allez vous coltiner 5000 résidents et pas loin de 1000 crèches. Pas exactement le petit immeuble à papa, avec les bégonias bien propres à l'entrée, plutôt le genre massif, quasi indus...Et se frapper les nerveux, les qui exigent, les mauvais payeurs...coucheurs...les couches tard, les lève tôt...toute une faune. Et puis tout un fatras d'histoires les plus baroques...les macs, les putes, les flics, les macabs, les camés, ceux qui veulent s'envoler par la fenêtre...de quoi noircir des pages ou la gueule. En attendant, ils tiennent le choc, avant la quille, la montagne et l'air pur...Et des histoires à raconter autour d'une bibine.

2 décembre 2008

Congelez moi tout ça!



On pouvait être quelques uns à se tenir les cacahuètes après avoir visionné "Mâles en péril". La semence tourne drôlement à la sauce blanche...La faute au monde moderne qu'ils disent...aux cocktails de trucs dont on asperge la bouffe, nos couennes, nos trognes...le reste. Benzènes, Phtalates, endochoses...un cirque syllabique tout ce bazar là! A ce train là il va falloir confier le foutre aux banques...vu ce qu'elles font du flouze allez savoir ce qu'ils vont nous inventer avec du liquide...titrisez moi ça messieurs!
Et puis pour ponctuer l'alarme, une gentille causerie-débat. Le militant Veillerette traité de terroriste par l'Allègre de service, on n'oserait dire que la bafouille était stérile...Heureusement la sous ministre aux choses vertes nous a bien fait rire. Ça donnait en gros et dénovlanguisé: "Bon mes enfants on a pas le cul sorti des ronces avec toutes ces joyeusetés chimiques, alors faites comme moi, google-isez vos crèmes de jour et pi achetez Bio, hein!". Merci ma poule, mais on t'a pas attendu!

26 novembre 2008

Je veux descendre



L'autre jour sur le quai de la gare, après quelques discrets aux revoirs...on se disait, tiens...on va attendre le départ du TGV, histoire de voir combien vont courir comme des dératés pour le choper...Gnark. Peu de poissons dans les filets...mais alors que les portes sont sur le point de se refermer...un client. Pataud, flanqué de deux moutards le genre collé à leurs gadgets électroniques...le type, sourd aux avertissements du personnel, grimpe dans une voiture et laisse les mouflets sur le quai. Là, ça sentait la connerie... Les portes se referment quasi instantanément, le train décolle mollement et dans la foulée les deux morveux deviennent hystériques, le premier chiale et le grand fonce sur l'uniforme fuchsia...qu'il partait pas son darron qu'il beugle à la fille un peu éberluée. Elle marmonne dans son talkie....Quelques secondes plus tard le TGV stoppe...puis après de longues minutes le néandertalien est éjecté, mi hagard, mi réjoui. Bilan 15' de retard, et même pas un crétin à tenailles, dread locks et tee-shirt free Tibet à accuser de terrorisme.

24 novembre 2008

Solarium inutile



C'est un bouquin assez chiant, aigri, fort peu convaincant sauf pour qui serait déjà convaincu...donc assez inutile! Mais je ne résiste pas à en cracher un petit morceau:

"Et pourtant quel tour aurait pris l'histoire des deux siècles précédents si James Watt n'avait pas inventé la machine à vapeur fonctionnant au charbon mais une machine identique alimentée par un miroir solaire parabolique, comme celle que présenta en 1878-une centaine d'années plus tard-le français Augustin Mouchot à l'exposition universelle de Paris? Cet engin fit sensation, d'autant plus qu'on avait justement des problèmes d'approvisionnement en charbon à cette époque. Mais on inventa de nouvelles techniques d'extraction du minerai et la pénurie de charbon fut bientôt qu'un souvenir. Mouchot, lui, sombra dans l'oubli, tout comme son livre publié en 1869, La chaleur solaire et ses applications industrielles; son four à vapeur solaire se trouve aujourd'hui au musée des arts et métiers, à Paris."

L'autonomie Énergétique, Hermann Scheer, Actes Sud 2007.

22 novembre 2008

Autopsie de la décomposition


La télé-évangéliste et la dame de fer se tirent la bourre...Syndrome Floride: il y aura photo à l'arrivée, mais certainement pas d'aggiornamento, celui là il y a longtemps qu'il a été fait. On ne demande pas à une écurie de course d'élever des chevaux de traits, mais du pur sang pour galoper dans la course à la trombine, être agile sur terrains gras et cathodiques. Pendant qu'on recompte, sur quoi fallait-il miser?
La grande alliance sociale-démocrate? Ne prenez pas cet air dégoûté...à force de niveler on voit plus trop qui gauchise qui...
Iron lady qui garde la vieille maison? Les invités surprise qui s'y sont glissés font légèrement trembler les fondations, pas de quoi franchement refaire le coup des rigidités de la RTT...tout au plus sont-elles cadavériques.

11 novembre 2008

Aux manettes



Aux manettes toujours la même engeance, sans vergogne...tout cela passera, comme le reste...une news, un prime, une tête de ligne chasse l'autre...les mémoires en série ou isolées sont comme les circuits imprimés de ta bécane, ingurgitent et recrachent des 0 et des 1 à la suite...et ainsi...les mêmes thuriféraires de la finance d'hier seront les clones de demains régurgitant les mêmes recettes creuses de la petite berceuse...les espoirs d'aujourd'hui seront les rancœurs suivantes, on oubliera les poilus tout autant que les masses collatérales de la SUB_crise qui tombèrent pour des intérêts qui n'étaient pas les leurs. Comme de bons ruminants, nous regarderons passer les wagons, espérant peut être un jour, trouver une herbe plus verte.

5 novembre 2008

Rebonds du sort


Au fond il faut savoir rebondir...Sans doute ce que tentent de (se) prouver les amerloques en mettant du contraste à la maison blanche. Pour le principe c'est chouette. Pour le reste, il faudra nettoyer le bourbier laissé par le précédent locataire, qui était un fameux dégueulasse...l'a plus que bouffé la caution, et je parle pas des sous-locs' foireux qui n'apparaissent pas sur le bail. Autant dire que l'affaire est loin d'être jouée, et il va falloir mettre un sévère coup de fion avant le prochain état des lieux. Mais comme l'heure n'est pas aux sceptiques, contentons nous de lui (nous) souhaiter good luck.

2 novembre 2008

L'épiderme des cuves


L'écume du pachyderme échoué en plein champ tel un astéroïde après une entrée dans l'atmosphère...voire...une banque d'affaire après une crise de liquidités sur les marchés intermédiaires...un chapelet d'alpinistes au fond de la crevasse, les excès de confiance accordés au premier de cordée, pressé d'arriver au sommet avant la clique et qui lâche les poids morts...Qu'importe la vagabonde mentale, cette croûte naturelle-ment travaillée par l'érosion vaut bien d'autres qui s'accrochent dans les salons.

26 octobre 2008

Plantation de cuves


Elle ne roulera plus nulle part, cette vieille tôle...elle a dû en trimbaler du merdier (chimique ?) d'un bout à l'autre de la carte...On lui a viré les roues, et planté là...à côté d'un champ de patates, dont elle imite peu à peu la couleur, mais donnera jamais les mêmes fruits. Mais bon sang, à quoi peut bien servir de laisser attendre cette bombonne? La hausse des cours de l'acier? Stocker du sucre en attendant des jours meilleurs? Un machin qui servira à la Fiac l'année prochaine, et que quelques gogos pétés de golden choses iront casquer en se disant que ça au moins ne décotera pas? L'a foutront dans le jardin de la baraque secondaire, les gosses joueront dedans, dessus, s'inventeront des vaisseaux, des planètes même...

15 octobre 2008

Horizon à bogies


Le paysage donne parfois de drôles de lignes de fuites. Cet endroit insolite, découvert au hasard d'une hypnose grande vitesse, le regard vasouilleux à travers le triple vitrage d'une rame TGV...Allez loger le spot à 300 à l'heure...Coup de fion, un panneau d'aire d'autoroute me mettra sur la voie...plus tard je ferai donc une escale au paradis des wagons en friches. En voiture pour un petit tour.

12 octobre 2008

Les dessous du 104


Coup d'envoi du 104, vitrine culturelle enchâssée dans les travées popu du 19ème. L'idole du trip-hop est annoncée pour emballer le cadeau. Aussitôt des hordes internationales de dandy et de midinettes aux looks ciselés débaroulent...Mais le véritable évènement était quelques encablures plus loin.
Cohue pour l'idole, les portes sont fermées et les flots se rabattent sur les rades du quartier. Non loin de là au bar "Oued Rhiou", comme tous les samedis un groupe folklorique algérien, s'échauffe...La chanteuse, un rien ironique, remercie les touristes pour être venus nombreux...Rires ampoulés des uns et regards moqueurs des autres...on se cherche gentiment...on teste son embarras réciproque...on jauge sa gène...Et puis la darbouka et la flûte imposent un rythme lancinant...irrésistible...les hanches se décrispent...le reste se dissipe...la bibine coule à flot...Dans ces moments d'alchimie, on en oublierait que nous sommes en fransarkozie...

5 octobre 2008

Chambre d'expansion


Quand la machine tourne à plein régime...chut!!...Pas touche. Vous dérégleriez la belle mécanique. Alors que ça fume et toussote, que ça menace de vous pétez au museau, intervenez vite! Sans quoi vous risquez le maousse collapse! Z'avez pas le choix, alors c'est vous qui voyez.

2 octobre 2008

Quadrichrome


Petite touche de couleur trompe l'œil pour clore cette courte promenade à Trignac. Quelques lettres qui se changent en grues, à y regarder de loin, on lirait "Saint Nazaire"...Tout ça dépend vachement du point de vue d'où on louche.
Prochainement, ballade dans un cimetière de Wagons...hummm...

30 septembre 2008

Sub'prise d'otage


"Ils ont maintenant fière allure les héros de la finance. Modernes et arrogants quand les marchés étaient haussiers, les voilà, tel le juge de Brassens face au gorille, "criant maman, pleurant beaucoup", et se jetant dans le giron de la "mamma étatique" qu'ils vomissent quand la fortune leur fait lâcher toutes les vannes de la régurgitation idéologique. Certes, la banque centrale, priée de venir les tirer de la déconfiture en baissant ses taux pour restaurer la liquidité générale, n'est pas le pôle public, le "hors-marché", abhorré quand les profits coulent à flots, supplié quand il fait mauvais temps." (...)
"Mais il ne faut pas s'y tromper. Cette position du banquier central n'est tenable que si les défaillances sont localisées. Qu'elles "coagulent" et précipitent un "risque de système"-c'est à dire par effet de domino, d'effondrement général-, et il n'aura d'autres choix que d'intervenir massivement.
C'est bien là le plus insupportable des méfaits de la finance, toujours encouragée à aller trop loin, c'est à dire au-delà du seuil où les autorités ne peuvent plus se désintéresser de ses infortunes et doivent plonger pour lui sauver la mise-la parfaite prise d'otages."

Quand la finance prend le monde en otage, par Frédéric Lordon, in Le Monde Diplomatique, Septembre 2007.

24 septembre 2008

Subpigeonades


Dégotez un pigeon sans un, et tapez lui du flouze. Promettez au perdreau qu'il retrouvera sa mise avant de rembourser sa première traite. Recommencez avec quelques autres...Puis filez claquer le pactole au casino, jouez à tout un tas de jeux différents, brouillez les cartes, mélangez le tout, et quand vous êtes raides faites un chrome chez le croupier. S'il rechigne, dites lui qu'une armée de caves vous bouffe à la pogne. C'est bon vous pouvez continuer à jouer. Allez-y plein tube, c'est ce soir la chance...soudain à la table du chemin de fer, vous croisez un des mecs que vous avez carambouillé...il veut son oseille. Il est pas seul...Ils sont tous là! Le croupier a flairé le manège et appelle la direction du Casino. Vous êtes cuit! Alors vous beuglez à qui veut bien l'entendre que les jeux sont truqués! Vous lâchez tout! On vous écoute! Vous trissez au milieu de la pagaille. Le casino ferme pour quelques jours. Il réouvrira et les pigeons reviennent toujours où il y a à grailler.

20 septembre 2008

Fil d'Ariane


Suivre un fil...courir...rebondir
y croire...s'exalter...
Tomber...souffrir...se perdre
reprendre ses esprits...oublier...
Et retrouver un fil...le suivre...
et recommencer.

18 septembre 2008

Trignac...gnac...gnac...


Bon, pendant qu'on Edwige à tout va sur fond d'ouragans financiers sans doute dû aux changements climatiques, courte série à Trignac. Squelette fantomatique d'une aciérie massive dont les ossements en béton armé n'en finissent plus de moisir. Un enchevêtrement de poutres, des creux vertigineux, rappellent au visiteur que les plus impressionnantes structures sont aussi des lieux de vide...Paradoxalement ces labyrinthes terrains de jeux du vent, sont souvent les plus difficiles à détruire.

13 septembre 2008

Le spirituel en vitrine


"L'un des plus puissants instruments du nouveau pouvoir est la télévision. Jusqu'à présent, l'Église ne l'a pas compris; au contraire, elle a, c'est pénible à dire, cru que la télévision était un instrument de pouvoir à elle; et, en effet, c'est indubitable, la censure de la télévision a été une censure vaticane. Non seulement cela, mais encore la télévision faisait une réclame permanente pour l'Église. Mais justement elle faisait là un type de réclame complètement différent de celui de la réclame au moyen de laquelle, d'une part, elle lançait des produits et, d'autres part et surtout, elle élaborait le nouveau modèle humain du consommateur.
La réclame faite à l'Église était désuète, inefficace, purement verbale, et trop explicite, lourdement trop explicite; un vrai désastre à côté de la réclame non verbale et merveilleusement facile faite aux produits et à l'idéologie de la consommation, avec son hédonisme parfaitement irréligieux (...)
Et l'Église devrait continuer d'accepter une telle télévision, un tel instrument de la culture de masse appartenant à ce nouveau pouvoir qui "ne sait plus quoi faire de l'Église"? Ne faudrait-il pas, au contraire, l'attaquer violemment, avec une fureur paulienne, justement à cause de son authentique irréligiosité, que régit avec cynisme un cléricalisme sans contenu réel?
Naturellement, plutôt que tout cela, c'est un grand exploit télévisé qui s'annonce pour l'ouverture de l'Année sainte. Eh bien, qu'il soit clair pour les personnes à l'esprit religieux que ces manifestations ne seront que de grandes et insignifiantes manifestations folkloriques, désormais politiquement inutiles même à la droite la plus traditionnelle."

Le petit discours historique de Castelgandolfo, 22 septembre 1974, in Ecrits corsaires de Pier Paolo Pasolini

4 septembre 2008

Le miroir qui begaie


"Le cœur de la cible, ce sont les musulmans. On retrouve ici la même rhétorique que dans les paragraphes consacrés aux "clandestins". Le but est toujours de définir l'identité nationale en dénonçant son contraire, dans la logique classique du "eux" et "nous". Là aussi, il n'est pas abusif de qualifier ces propos de "xénophobes" au sens ou l'Islam n'est évoqué que par des traits négatifs confortant ainsi les stéréotypes martelés par les médias depuis un quart de siècle.
Il faut toutefois préciser qu'à la différence du Front national ,Nicolas Sarkozy ne désigne jamais nommément le groupe qu'il montre du doigt. Néanmoins, il utilise la même technique de communication que Jean Marie Le Pen. (...) celui-ci a inventé une rhétorique adaptée à l'âge de la démocratie télévisée, procédant par allusions, en laissant le soin aux commentateurs et aux électeurs de compléter le raisonnement."

Gérard Noiriel "A quoi sert l'identité nationale?" P96.

"Il ne faut jamais s'attaquer à ceux qu'on n'est pas sûr d'achever".

Maurice Barrès, extrait D'un leurs figures.


31 août 2008

Décollé du toit


Un matin, où comme par accident j'ouvre un œil de trop. Dans un hôtel immense et désert...resté bloqué dans les années 70...un beau vioque vous tend d'une patte tremblante une clef biscornue, qui ouvre la lourde de la piaule 47, 6 ou 5 peu importe...Depuis la lucarne je braque un œil électronique sur une lumière douce et pesante...et m'imagine, vaseux et ensommeillé, pour quelques secondes, aussi léger qu'un piaf. Des matins on en rate un paquet, sacrifiés et écrasés par tout les autres où on aurait dû rester fondu au fond du paddock. Tiens...ça sent la rentrée.

27 août 2008

La pieuvre tisse sa toile


Quand la réalité devient fiction et l'inverse...Les caïds en culottes courtes singent Tony Montana et les boss dont le personnage était inspiré reprennent ses mimiques jusqu'à construire la réplique de sa villa. Là où la terre ne respire plus par les cavités, ni celles-là mêmes creusées par les vers...Là où chaque souffle attend le suivant pour s'apercevoir qu'il est encore vivant...Planète Gomorra. En attendant que la toile se referme sur sa proie.

10 août 2008

Batignolympique


Batignolles, pour un peu un village olympique, s'en est fallu d'un poil de moustache anglaise. Certains s'étranglent encore...Vous imaginez le renvoi d'ascenseur? Les banderoles pour défendre Genestar, Siné...ouarf! Et les centres de rétention ignifugés, les grand-pères chinois en tête de cortège...
Bon, divagations à part et aux dernières nouvelles, à la place des vestiaires il devrait pousser des jardins et du logement. Surprenant non? Une petite reconversion alternative à la pelleteuse serait bienvenue pour la halle du tri postal. J'dis ça, j'dis rien.

7 août 2008

Brasilia sur Seine

Béton, palmiers, nappe ardente qui s'abat sur le sol et irradie tout ce qui bouge...Au loin un clapotis de flots et pas une once de vent...quelques gamins aux voix éraillées par la mue s'envoient des insultes au pied des tours et lancent des regards menaçants aux intrus...Costa Brava? Non, juste un recoin de Pantruche, qui par erreur sans doute ou utopie malfaisante, s'est retrouvé du bon côté du périf', à la faveur de la disparition d'une usine à gaz...Depuis, on nous dit qu'il faut "résidentialiser les tours"...alors il y pousse des palmiers.

5 juillet 2008

Des épis pour la croûte



De l'ombre à la lumière, de la chrysalide au coléoptère, on butine dans tous les coins...Laissez-nous en jachère, juste le temps de dire ouf!... Avant de s'faire bouffer par les vers, il nous reste pas lourd quand on y regarde bien...Alors quoi, deux secondes, juste se faire caresser la couenne par le duvet de la croûte qui supporte le bipède...encore un peu, mais pour combien encore?...en se serrant il y en aura pour tout le monde...Le reste...bavardages.

28 juin 2008

Tourisme de nuit




Le tourism(t)e c'est moche quand on y pense, et pire depuis qu'il s'est fait masse. C'est en short, ça montre ses pieds, ça mitraille de pixels sans vergogne, ça bouffe n'importe quoi n'importe quand, ça exige encore! Que c'est pass'qui y a dans le guide! C'est tellement habitué à en suivre aussi...C'est mimétique, ça s'refile des tuyaux, le bouche à oreille à portée de clics...du coup en hordes ça dévale...Pire, ça veut de l'authentique, de l'original tiens de l'alternatif aussi!...Alors on lui en donne, qu'il en baffre, il a de quoi raquer. Alors on le saigne et il gueule. Pfou...besoin de vacances, moi.

18 juin 2008

A la croisée des tuyaux




Dernier bout de tuyau de cet endroit malégnifique. Une des plus belles ballades de ces parcours frichesques. Les transitions sont toujours difficiles... Alors pause! En attendant de retrouver le fil d'une prochaine série à dérouler. Mais, patience, car pendant les affaires, les affaires contiguës...

Seul dans la foule






"Attendu cependant que, si la grève est la cessation collective et concertée du travail par des salariés en vue d'appuyer des revendications professionnelles et ne peut, en principe, être le fait d'un salarié agissant isolément, dans les entreprises ne comportant qu'un salarié, celui-ci, qui est le seul à même de présenter et de défendre ses revendications professionnelles, peut exercer ce droit constitutionnellement reconnu"

Bon...on cause, on fait sa petite légistique du soir...Allez savoir, si ce serait pas plutôt de la paélontologie normative tout ce bazar là...Alors quoi! On pourrait même pas avoir raison d'avoir tort jusqu'au bout et tout seul! T'nez prenez les Irlandais, par exemple. Ils sont quelques tout de même. Ben, nan! On va pas chômer pour leur expliquer qu'ils se plantent tous autant qu'ils sont...Pas 4 millions (prononcez à la Krazuk) contre un demi milliard et ça vous tiendrait en respect! Faudrait pas déconner! Allez hop! Recommencez moi ça, juste pour se tordre un brin.

11 juin 2008

Balcon vue sur cour


L'autre jour, alors qu'on bullait face à une vitrine d'agence immobilière, à regarder les crèches qu'on pourrait pas banquer, un type monte à l'abordage. Vlà qu'il déblatère, suis dans le métier, marchand de biens...mais pas toujours fait ça...'ttention...ancien militaire...Mon taf, dévitaliser les piaules à grand coup de masse, et foutre à la rue les mauvais payeurs...Quoi, si je r'fourgue? Affirmatif, et pas qu'un peu, et par appartement encore...Le gars s'avise que j'tique un chouïa, il change de braquet, et me fait le couplet sur la loi qui protège ces salauds de locataires...que s'en est dingue...plus il justifiait, plus la pitié transparaissait dans mon regard, pour ce type, qui dans le fond, je m'en suis convaincu, n'aimait pas ce qu'il faisait. Je le poussais un peu et il me parlait de ses gosses. Il s'est trissé comme un péteux, sans dire au revoir. Tant mieux, j'y comptais pas trop.

6 juin 2008

A la verticale des bourgeons




Le temps de changer la bobine de U4...léger détour par chez Riton, dont le bureau surplombe, depuis les cimes de verre en béton, les bourgeons.
Ha!..Silence ça pousse chez Riton, faut dire que c'est le genre de mec qui arrose sec!...Tu commences par la flotte, pi t'enchaînes sur les huiles, pour finir dans les paillettes...Mais parole tu sais rester simple, poli et tout, le genre réservé quasi...Et pourtant tu t'imposes un peu...Que c'est pas des manières non plus! Il s'incruste! Alors comme ça on peut plus ouvrir le robinet ou descendre les poubelles tout en allumant le chauffage avant de prendre le tram, sans que tu nous colles au noix. Allons, Riton, c'est pas des façons.

25 mai 2008

Juridisme depuis les coursives



Coursives, escaliers, chambranles, entrailles, fouillis, embrouilles...ainsi souvent la langue juridique en la matière excelle et fourche autour de la simplicité. Parce que le monde est à cette image sans doute, et quand on assigne aux mots la tâche de trancher, les lettres deviennent des lames. Voilà donc la langue du Juge Européen:

"...les actions collectives visant à assurer la mise en œuvre de la politique menée par ITF, il y a lieu de souligner que, pour autant que cette politique aboutit à empêcher les armateurs d’immatriculer leurs navires dans un État autre que celui dont les propriétaires effectifs de ces navires sont les ressortissants, les restrictions à la liberté d’établissement qui découlent de telles actions ne sauraient être objectivement justifiées..." (CJCE C 485 05 Viking Line /c Seamen's Union et ITF).

Où l'on apprend que la liberté du lieu d'implantation d'une boîte est supérieur aux droits du collaborateur (on dit plus "salarié" c'est trop louche) et qu'au passage s'il prenait aux gueux de revendiquer l'inverse cela ne serait pas objectivement, justifié... Liberté ici et frein par là...Voyez un peu...faut avoir le sens des convenances et de l'objectif...pas perdre de vue l'ordre des choses non plus...Pour le reste prenez un ticket et faites la queue, et n'oubliez pas d'être bien européen juste au cas où on vous le demanderait...

13 mai 2008

Plomberie polonaise


"On est parti dans la vie avec les conseils des parents. Ils n'ont pas tenu devant l'existence. On est tombé dans les salades qu'étaient plus affreuses l'une que l'autre. On est sorti comme on a pu de ces conflagrations funestes, plutôt de traviole, tout crabe baveux, à reculons, pattes en moins. On s'est bien marré quelques fois, faut être juste, même avec la merde, mais toujours en proie d'inquiétudes que les vacheries recommenceraient... Et toujours elles ont recommencé... Rappelons-nous! On parle souvent des illusions qu'elles perdent la jeunesses. On l'a perdue sans illusions la jeunesse!...Encore des histoires!..."

Guignol's band,Louis-Ferdinand Céline 1951.

8 mai 2008

Revolving doors




L'ascension vers les sommet est un parcours tortueux et sinueux...Quelle sera la bonne passerelle? Le bon escalier?
Michael, dans le genre est pas mauvais. Derrière sa bonne trogne, du genre à s'user le futal sur les bancs de messe, histoire de se remettre le compteur de péchés à zéro, avant de reprendre le bizness. Gratte papier pour la Food&Drug Administration (FDA), Michael commence slowly, puis baveux pour King&Spalding il a l'occasion de se déployer l'organe pour défendre Monsanto. Ses talents enfin reconnus en 1991, alors qu'il est bombardé n°2 de la FDA. Quelques réglementations sur les hormones de croissance bovine et les OGM plus tard, Mike pantoufle au ministère de l'agriculture ricain, avant de définitivement taper dans la grosse galette à l'aube de l'an 2000...où il se fait propulser vice président de Monsanto...pour services rendus. Well Done Micky!

30 avril 2008

De la tôle






"Tu t'excites. Piqûre. (...)
La première te fait gueuler, t'envoie au mitard. Dans la seconde, tu te trimballes, insensible. Quand on te libère, tu vas piquer à Orly. Pourtant, là, tu te fais pincer à tous les coups. C'est mathématique, suicidaire. C'est ton inconscient, qui le cherche. Il veut rentrer là dedans. Là où tu perds tes règles, où tu grossis, où tu t'atrophies des sens. Mais où tu es au chaud, quadrillée, infantilisée, où on te file à bouffer. Dehors, il y a la vie. La tienne, elle est dégueulasse. Décider, exister, on ne te l'a jamais enseigné. Tu ne sais pas. Tu ne peux pas. C'est justement pour ça que tu t'es retrouvée en taule. Et pour ça que tu y reviens."

Charlie Hebdo 20 janvier 1977, Sylvie Caster.

26 avril 2008

L'affaire est dans le SAC



"Un mec que la justice oblige aussi, c'est Jean Auboin. Jean Auboin est premier vice-président du tribunal de Paris. On lui doit seize coupures de son et la suppression d'une séquence dans "Le juge Fayard, dit le shériff", le dernier film d'Yves Boisset. Seize coupures du mot "SAC" lâché par ou contre des truands qui se vantent d'en faire partie et la suppression d'une séquence où une petite frappe sort une carte du SAC à de fins d'intimidation. Ceci pour éviter au SAC un préjudice considérable. C'est raté. Pas parce qu'Yves Boisset a remplacé le mot "SAC" par un signal sonore et que la salle se fend la gueule à chaque fois qu'il retentit. Parce que le SAC s'est taillé tout seul une réputation d'organisation de malfrats au service du pouvoir et protégée par le pouvoir. (...)
Si demain, la mafia demande que le mot "mafia" soit sucré de la bande sonore d'un film qui la présente nommément comme une association internationale de grand banditisme, la mafia peut compter sur Jean Baudoin, premier vice-président du tribunal de Paris, pour obtenir satisfaction."

Charlie Hebdo 20 janvier 1977, Papier de Xéxès.

10 avril 2008

Du vert dans les tuyaux...


Grenelle et Pimprenelle sont sur un bateau farci aux OGM... Monsanto "Food, health, hope" et consorts à la barre pour un monde meilleur que les obscurantistes de tout poil veulent couler...Nan mais faut vous le dire comment qu'il y a pas mieux pour éradiquer la faim dans le monde, merde! A les écouter on se trimbalerait encore en Vélot. Faites un peu confiance au scientisme bon sang de bois! Moins de pesticides, plus de bouffe, tout le temps et par tout temps, à pas cher...Aller, fini tes gènes et file au lit!

Made in Uckange



La flamme du grand bazar s'est éteinte, on a soufflé dessus...Bhâ, trop polluant pour chez nous, trop cher, trop moche dans l'horizon...C'était en 1991 qu'on a craché sur la bougie, mais de la ferraille on en bouffe encore, sauf qu'elle vient de plus loin, ptête bien que c'est encore un coup des chinois...N'empêche qu'en bons schyzos de l'ouest démocrates, on reluque pas trop les étiquettes quand il s'agit de remplir son caddie, hein? Bande de faux derches! On mollarde dans la soupe mais faudrait pas faire l'inventaire de nos ptits intérieurs, pass que là, côté "made in" y aurait plus qu'à la jouer profil bas! Déconnez pas avec vot' démocratie, vous y perdriez vot' pouvoir d'achat! Z'êtes bien tous pareils, du beurre et des jeux, et l'argent de la crémière...Patron! La même, sans glace....

3 avril 2008

Les artères jugulèrent








"Alors, des hommes armés de lances d'arrosage aspergent de pétrole les tas d'oranges et ces hommes sont furieux d'avoir à commettre ce crime, et leur colère se tourne contre les gens qui sont venus pour ramasser les oranges.
Un million d'affamés ont besoin de fruits et on arrose de pétrole les montagnes dorées et l'odeur de pourriture envahit la contrée. Les gens s'en viennent armés d'épuisettes pour pêcher les pommes de terre dans la rivière, et les gardes les repoussent. Ils s'amènent dans de vieilles guimbardes pour tâcher de ramasser quelques oranges, mais on les a arrosées de pétrole. Alors, ils restent plantés là et regardent flotter les pommes de terre au fil du courant.
Ils écoutent les hurlements des porcs qu'on saigne dans un fossé et qu'on recouvre de chaux vive, regardent les montagnes d'orange peu à peu se transformer en bouillie fétide, et la consternation se lit dans les regards et la colère commence à luire dans les yeux de ceux qui ont faim. Dans l'âme des gens, des raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines."

J. Steinbeck, Les raisins de la colère (1939).

14 mars 2008

Métamorphose verte


"Pourquoi ne pas l'avoir lu, ce livre, puisque vous l'aviez acheté, qui vous aurait peut-être protégé contre tout cela? (...)
Et pourtant, dans ce livre, quel qu'il soit, puisque vous ne l'avez pas ouvert, puisque même maintenant vous n'avez pas la curiosité d'en regarder ni le titre ni l'auteur, dans ce livre qui n'a pas été capable de vous distraire de vous même, de protéger votre décision contre l'érosion de vos souvenirs, cette apparence de décision contre tout ce qui la minait, ce qui la niait, vos illusions, (...)
dans ce livre que vous aviez acheté pour qu'il vous distraie et que vous n'avez pas lu justement parce que pendant ce voyage-ci vous désiriez pour une fois être vous-même en totalité dans votre acte, et que, s'il avait pu vous intéresser suffisamment dans ces circonstances, ç'aurait été qu'il se serait trouvé dans une conformité telle avec votre situation qu'il vous aurait exposé à vous-même votre problème et que par conséquent, bien loin de vous distraire, bien loin de vous protéger contre cette désintégration de votre projet, de vos beaux espoirs, il n'aurait pu que précipiter les choses,
dans lequel il doit bien se trouver quelque part, si peu que ce soit, si faux que ce soit, si mal dit, un homme en difficulté qui voudrait se sauver, qui fait un trajet et qui s'aperçoit que le chemin qu'il a pris ne mène pas là où il croyait, comme s'il était perdu dans un désert, ou une brousse, ou une forêt se refermant en quelque sorte derrière lui sans qu'il arrive même à retrouver quel est le chemin qui l'a conduit là, car les branches et les lianes masquent les traces de son passage, les herbes se sont redressées et le vent sur le sable a effacé les marques de ses pas."

La Modification, Michel Butor, 1957.

6 mars 2008

U4...aux rayons X



Hé dis...c'est quoi la machine? La chose qui te suce la vie, et t'en donne juste assez pour te la laisser et y revenir...Parce que tu reviens bougre de travaillant, c'est un peu comme ta deuxième famille hein? Il y fait chaud! tu t'y sens pas si mal! en groupe!...en grappes!...entre enflés!...entre frères! On se soutient...comme ça, tu es fort...tu participes au mouvement...le mouvement...tout le temps...on sait pas ce qui se passe quand ça s'arrête...ça fait peur...Alors on continue?



27 février 2008

Poussière d'Uckange


"Les rafles se succèdent au cœur de Paris: la dernière portait le joli nom de "salubrité".

A Saint-Denis, soixante clandestins turcs dénoncés par leurs voisins. A Douai, dix basanés menottés de manière musclée en pleine audience. Les tribunaux en vertu d'une loi de 1983, ont acquis le droit de reconduire les indésirés à la frontière séance tenante..."

"(...) photos sépia "l'image de la guerre"-celle de 14-18 s'entend. Quelques légendes (...) : "Les Spahis gardent leurs coutume: chaque jour le metchoui les réunit." (...) "Les Sénégalais et les Soudanais arrivés en France...sont habillés à la française avec la capote du fantassin et la bourguignotte des tranchées!"

Extrait de "ça n'arrive qu'aux autres" de Bernard Thomas, chronique du Canard Enchaîné du 21.9.1983.

19 février 2008

Steel here



Il est des cathédrales qu'on bichonne et qu'on gratouille au coton tige, qu'on enveloppe et qu'on cageole... Et pi d'autres qui sont autant de verrues au yeux de l'engeance bien pensante, qu'on aimerait oublier, foutre par terre, ensevelir avec les mémoires des bougres qui y ont laissé la chair, la santé, le souffle...Place nette, on y ferait un centre commercial, y aurait un drive-in, un multiplex, pi tiens un parc de loisir...Gogoland c'est bon pour les élections, et fait gicler les pépettes! Sans compter que l'ancien proprio est pas chaud pour raquer le ménage, déjà qu'il a fallu se fendre pour le plan...comment déjà...ha ouais, social!
Ben crac! Niet! A l'inventaire, protégé et tout, à coup d'arrêtés, de machins administratifs, tampons et le reste...pouah...pas vraiment modernes...hé, y parait même que la tour Eiffel ne fait pas que des adeptes?

13 février 2008

Purgatoire des folies



"Cent cinquante-six internements abusifs recensés dans le seul hôpital psychiatriques de Tours de 1971 à 1973, qui dit mieux? (...)


"J'ai été admis sans aucun papier officiel", commente aujourd'hui l'ex-fou toujours aussi furieux, "ce fut ma seule chance, sinon j'y serai peut-être encore". (...)


Si vous n'avez pas compris où le gardien psy de la paix sociale veut en venir, voici quelques lignes d'une étude datée de 1913, signée par l'éminent docteur Dide, inventeur des "idéalistes passionnés" : "Les idéalistes de la beauté originale aboutissent souvent à l'anarchie, les idéalistes de la bonté arrivent au sadisme, les idéalistes de la justice, s'ils sont altruistes, fournissent les réformateurs politiques, les régicides, et constituent, au moment des grands mouvements populaires, de véritables calamités sociales." Ils veulent déranger le monde? Donc ils sont dérangés."



Extrait de "ça n'arrive qu'aux autres" de Bernard Thomas, chroniques du Canard Enchaîné du 17.3.1982.

8 février 2008

La vallée des anges




Bling bling 45 minutes d'arrêt...pour autant de blabla ronflant...c'est le temps consacré par l'hyper pour évoquer Grandange, l'usine d'Arcelor rachetée par l'indien dans la ville, et une énième fermeture à la clef. Et vite on passe à autre chose, on remballe les projos et on file...

Et de s'engager à faire "tout son possible", sans ricaner, avec tes caisses vides, tes poules de luxes et tout ton fatras qui scintille le toc...
Mais qui pense-t-il bouffonner?

800 types sur le carreau Wendel...longue série de privatisation des profits pour autant de socialisation des pertes...vieille habitude du comité des forges...

Uckange, Grandange, la vallée des anges...passe. Dédicace pour eux.

2 février 2008

Machine à remonter le temps





"Un recensement effectué en 1886 comptait 1 126 000 immigrés en France, sans parler des saisonniers. Nos compatriotes, en ces temps reculés, étaient racistes. Des ratonnades avaient lieu parfois, à Marseille par exemple. Contre les Italiens, accusés d'être des pouilleux, de violenter les femmes, de voler leur travail aux bons français. L'une à Aigues-Mortes, en 1881, fit trente morts. Une autre fois en 1911 à Paris, toutes les boutiques d'alimentation ritales et juives, donc tenues par des affameurs étrangers, furent pillées. Heureusement, à force de réciter en choeur "Nos ancêtres les Gaulois", tout finit par s'arranger. (...)"


"Pour tenir à leur place ces êtres que les loubards de banlieue nomment en verlan rebeux, les autorités ont créé des ghettos à leur semblance, où il paraissent prospérer, la cité des Flamands à Marseille, Picon ou la Busserine, talus dégoulinants de boue, vagues terrains de rebut où rient des gosses hâves parmi les baraques à lézardes: des lieux où peut s'épanouir la civilisation qu'ils aiment à base de crasse de misère et d'ignorance. Les gardiens de la paix entourent ces bas-fonds de rondes et de contrôles incessants. Afin que ces hères ne risquent pas d'envahir les logements pour vrais français, où ils élèveraient leurs chèvres dans les baignoires, les municipalités établissent des quotas. Pour que les gosses ne cèdent pas à la tentation de s'assimiler, les enseignants les maintiennent dans les classes poubelles. Question boulot, comme on a pris soin de ne leur laisser acquérir aucune spécialisation, ils n'en trouvent pas. Ce qui démontre à quel point ils sont fainéants. (...)"


"Il a eu deux potes tués, Moussa, à la cité des Flamands : Nouari, abattu par un CRS, au cours d'un "contrôle"; Zaïr, 17 ans, tué par un civil qui lui reprochait d'être trop bruyant. Le CRS a été remis en liberté. Le civil ne risque pas grand-chose. Moussa est ingrat. Il a le droit de vote. Encore faut-il y croire."

Extrait de "ça n'arrive qu'aux autres" de Bernard Thomas, chroniques du Canard Enchaîné du 22.4.1981.

28 janvier 2008

Acide Acier




"Et la France? Eh, bien, c'est triste à dire, mais nous n'avons pas été, jusqu'à présent à la pointe du progrès. On s'est contenté d'appliquer les camisoles chimiques, qui déconnectent la tête du corps, voire la lobotomie (...) parmi d'autres douceurs, sur les sujets récalcitrants. Pour le reste on faisait confiance, à juste titre, sans doute, aux bâtons des agents.

Par chance, tout cela va changer. Une firme américaine, la Farall Instruments (Grand Island, Nebraska), se dispose en effet à commercialiser chez nous une série d'appareils du plus haut intérêts. Ils sont prévus, explique le prospectus, pour soigner toutes les perversions, de l'inceste à la toxicomanie, en passant par la boulimie ou l'exhibitionisme. Ou l'inappétence au travail, pourquoi pas? Le principe est simple: une gégène jumelée à une visionneuse. On vous passe une photo de ce qui vous excite et crac! Une décharge électrique. On comprend vite, à ce tarif là.

On peut même se procurer, pour 55 dollars, un appareil de poche innocemment baptisé "take me along" (...) qui permet à chacun de s'autopunir discrètement. Le self-sévice parfait."

Extrait de "ça n'arrive qu'aux autres" de Bernard Thomas, chroniques du Canard Enchaîné du 28.7.1976.





24 janvier 2008

Rouge Rouille



"Obligation de réserve: une ancienne antienne resurgit. Gare au juge qui prétend y échapper. Silence: on tourne la loi. Tel est le fin mot de la justice à la Peyrefitte. Et pour cela, prends les râleurs et tords-leur le cou.
Trois magistrats du tribunal de Briey (...) gratifiés d'un avertissement pour avoir osé critiquer , au cours d'un meeting, le 14 octobre, le projet de loi Peyrefitte. (...)


Cinq élèves de l'Ecole nationale de la magistrature, à leur tour sanctionnés pour avoir eu le front d'écrire qu'ils n'approuvaient pas la mutation d'office dont avait été victime Jean-Pierre M. , hier magistrat à la chancellerie, coupable de syndicalisme. Partout des juges tancés, menacés, punis, rayés des tableaux d'avancement, reculés, recalés, punis, dessaisis de leurs dossiers, réduits à se tourner les pouces quand, dans les cabinets voisins, les bien-pensant croulent sous les affaires signalées-celles où l'on peut rendre de signalés services aux cousins, aux copains, aux coquins. (...)


Pendant ce temps, à grands placards publicitaires, Peyrefitte part à la pêche aux juges sur mesure, ex-officiers, ci-devant commissaires, avocats défroqués, des gens qu'il va tester, noter, étiqueter afin de s'assurer qu'ils lui obéiront sans réserve, ceux-là, en toute sécurité. En toute liberté. "(...)

Extrait de "ça n'arrive qu'aux autres" de Bernard Thomas, chroniques du Canard Enchaîné du 10.12.1980.