27 novembre 2010

Minitel 2.0


Hadopi, Lopsi, Acta...fatras d'acronymes aux noms délicats. Il a fallu que j'installe une distri Ubuntu sur mon vieux PC et, le hasard faisant les choses, que j'aille traîner du côté de la Cité des Sciences un dimanche, pour que ces acronymes barbares fassent un peu tilt dans mon cervelet saturé. Tout ceci ne serait qu'affaire de geeks, voire, de dévoreurs convulsifs de P2P et de bittorrent...? Pas si sûr...et s' il s'agissait plutôt de libertés publiques...De droits fondamentaux tiens! Et si le point commun de toutes ces offensives législatives serait le premier pas pour contrôler le machin qui dérange, la zone de non droit, la où  télésurveillance ne passe pas : Internet. Filtrer le net, au nom de la lutte contre la contrefaçon, le piratage, les pédonazis. Tout le monde est pour et puis si ça ralenti pas mon débit, après tout? L'entreprise en réalité, n'est rien moins que le premier pas vers la minitélisation du net. Bref, un bond en arrière de 20 ans et encore une occasion ratée...ça se joue en ce moment, près de chez vous.

11 novembre 2010

Avec un petit H


Moi, les grandes commémorations ça m'inspire. Alors continuons et révisons notre histoire , comme disait l'abbé Pierre. Hum... Retour sur le parfum nauséabond des années 30 et sa méchante cri-crise, qui n'est pas sans rappeler la patauge contemporaine.

"L'Etat se montrait pourtant digne de la réputation de défenseurs des intérêts de la grande bourgeoisie "en 1793, 1830, 1848 ou 1871" que lui confère Robert Young en cherchant des antécédents aux années 1936-1939. Elle avait été, Comité des houillères et des Forges en tête, cajolé par l'Etat en guerre puis vainqueur. Elle en avait reçu des privilèges qui emplirent la chronique de la police financière puisée au renseignement bancaire, riche en scandales tus ou éclatés. Elle n'avait rien à envier à l'étatisation de l'économie allemande depuis l'ère Brüning, c'est à dire à sa socialisation des pertes. La générosité étatique avait à l'automne 1931 atteint un degré tel que "dans les milieux bancaires, on craignait que la divulgation du montant des sommes avancées par le Trésor aux banques et à diverses entreprises privées n'accentuât la défiance du public vis à vis des établissements de crédit, ce qui se traduirait par une reprise des retraits de fonds". (...)
"La banque de France fit mieux. Ce héraut de la rigueur financière, qui pourfendait les dépenses funestes de l'Etat et le déficit budgétaire, comptait aussi sur le Trésor. Elle avait tué dans l'oeuf la réforme fiscale du Cartel des Gauches, joué contre le franc et animé la spéculation qui avait fait flamber la livre sterling et le dollar. Elle tira de l'ère Poincaré, son oeuvre, grande satisfaction, perceptible dans sa prose et sa presse. Elle n'en poursuivit  pas moins les sorties d'or vers Londres pour amasser un important portefeuille de livres sterling qui, à de certains moments, atteignit plus de la moitié des encaisse-or de la Banque d'Angleterre. Ce paradis sterling s'effondra dans la tempête financière allemande de l'été 1931 (...) La dévaluation consécutive transforma des gains clandestin en pertes nécessitant sauvetage public."

Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite, les élites françaises dans les années 1930, deuxième édition 2010, pages 49 à 51.

10 novembre 2010

Histoire sur les rails


Le projet de statut des juifs d'octobre 1940 annoté de la main de Pétain a été découvert. Ben merde! Il était planqué où ce machin là?...Alors cette fois plus de doutes la thèse du glaive et du bouclier est définitivement ruinée. En doutions nous? 
Cependant les conclusions tirées de la découverte du document faisant tout aussi définitivement de Pétain, le diable idéal, sont un peu rapides. Ce serait en oublier bon nombre en chemin. A commencer par les élites économiques qui, depuis au minimum 1934, oeuvraient pas vraiment discrètement pour un rapprochement franco allemand et voyaient en Hitler sinon le rempart idéal contre le bolchévisme pour les plus paranos, au moins le meilleur outil afin de maximiser le profit. Le gratin du monde politico-médiatique, à la suite des premiers, drapé dans un pacifisme tartuffe, préparait Vichy. Tout devait être prêt pour, le moment venu, basculer dans un régime fort à la solde du Reich. Les ennemis intérieurs étaient, bien avant 40, désignés, fichés, repérés: les juifs, les communistes, les francs-mac'. En ce sens, Pétain n'était que le bon produit marketing à placer pour faire passer la pilule. Le reste suivrait. Et il a suivit, au moins au début. Le petit bout de la lorgnette historique commande de s'attacher à déterminer l'infinie responsabilité de ce vieux canasson. Ceci permet de laisser aux oubliettes de l'histoire les banques, l'Etat-major, l'essentiel de la classe politique de la troisième, qui jouaient le Reich contre une hypothétique chienlie rouge. Un petit cours de rattrapage s'impose.