26 juin 2011

Jaunes (les)


"Le premier "syndicat jaune" (Note: doivent leur nom à la couleur du papier mis aux fenêtres par les mineurs afin de remplacer les carreaux brisés par leurs assaillants) est fondé en novembre 1899 à Montceau-les-Mines par huit mineurs qui, refusant de participer à un mouvement de grève, appellent à la conciliation des intérêts ouvriers et patronaux. Cette initiative marque la naissance d'une nouvelle forme de syndicalisme qui entend incarner le "véritable socialisme français". D'abord circonscrit dans la région de Montceau, le mouvement des jaunes s'étend progressivement après la formation, en 1901, de la bourse [NDR du travail] indépendante de Paris et de l'union fédérative des syndicats et groupements ouvriers professionnels de France et des colonies. Dirigé par Lanoir, les jaunes tiennent leur premier congrès national en mars 1902. Le mouvement compte alors près de 100 000 adhérents, et bénéficie du soutien de l'association républicaine de Méline, de l'extrême droite antisémite et de différents organes de presse. La rupture entre Lanoine et Biétry, secrétaire général adjoint de la bourse du travail indépendante, modifie sensiblement l'orientation des jaunes. Le 1er avril 1902, Pierre Biétry fonde la fédération nationale des jaunes de France [FNJF], tandis que Lanoir tombe dans l'oubli. (...)

La FNJF s'élève contre le collectivisme, "système de réaction, une vieillerie, une antiquaille", contre l'étatisme, "conséquence naturelle du collectivisme", contre l'antimilitarisme, l'anticléricalisme,  la journée de huit heures, le droit de grève, et bien sûr, contre la lutte des classes. Biétry souligne que, à l'inverse des "manitous de la sociale" qui introduisent des principes "contraires à l'évolution de l'humanité", les syndicalistes jaunes sont "arrivés scientifiquement et expérimentalement à dégager la loi naturelle et par-là même nécessaire qui doit régir les rapports du capital et du travail".

L'extrême-droite en  France, De Maurras à Le Pen. Ariane Chebel d'Appolonia, (pages 142-143).


19 juin 2011

Seegmuller Armement


Série courte sur les entrepôts "Seegmuller armement", port de Strasbourg. En réalité ces vieilles photos sont pour ainsi dire exhumées des entrailles de mon disque dur, sollicité en cela par l'ami qui m'accompagnait au cours de cette ballade de printemps 2004.  J'avais quelques réticentes à lâcher ces clichés réalisés avec un vieux 24 36 Zenith à cellule externe et tirés dans des conditions catastrophiques. Au final, un peu de replâtrage et voilà le travail. 
Et il aurait été dommage de ne pas rendre compte de cette ballade au sein de ce véritable ilot frichesque en sursis, au milieu d'une expansion urbaine presque visible à l'oeil nu. Aujourd'hui un travail de réhabilitation a permis aux lieux d'accueillir une médiathèque ( je n'ai pas eu l'occasion de constater de visu ). Bonne ballade.

13 juin 2011

Atomes al dente (suite)


C'est un véritable feuilleton qui est en passe de se clore par une baffe magistrale pour B. Le referendum des 12 et 13 juin restera dans les annales constitutionnelles italiennes. Les électeurs se sont mobilisés en masse pour se hisser à la participation de 57% des inscrits (54.8% en comptant les électeurs résidant à l'étranger) atteignant le quorum de 50+1, condition sine qua non de la validation du bouzin. Et ils ont ainsi pris leur élan pour en infliger une belle en mode andata e ritorno à hauteur de 95% de "Si".

Quatre si, donc, pour dire si à l'abrogation de la reprise du programme nucléaire en Italie, à la privatisation de la gestion de l'eau potable (2 questions, l'une sur la gestion déléguée, l'autre sur les modalités de financement) et enfin à l'évacuation de loi sur l'empêchement à un procès pénal. Ce dernier poing atterri pleine face, telle une statuette sacrée lancée par un peuple ivre, dans celle de B. Pour la première, la nucléaire, elle ramène la France au rang des derniers malades continuant vaille que vaille, et hors toute consultation démocratique, sur la voie du tout atome.

Retour sur les derniers soubresauts de la consulta. Comme nous le disions ici, l'affaire était loin d'être entendue, il a fallu que la Cour de Cassation italienne confirme, appuyée en cela par la Cour Constitutionnelle, la tenue du referendum. Ce fût fait quelques jours avant la tenue de ce dernier, par la mise au placard d'une piètre tentative de suspension de reprise du programme nucléaire via l'insertion de dernière minute d'une disposition dans un décret "omnibus" (sic). Ce faisant, la Cour de Cassation avait cependant légèrement modifié le libellé de la question portant sur le nucléaire pour y inclure, justement, les replâtrages de dernière minute du gouvernement de B. et consistant en l'insertion d'une suspension branlante, si l'on peut dire, s'agissant de l'intéressé.
Cette modification pour corrective qu'elle pût paraître, n'en posait pas moins un sérieux problème pour les électeurs italiens ne résidant pas sur le territoire national. En effet ces derniers avaient depuis longtemps déjà reçu leur matériel électoral avec l'ancien libellé des questions. Alors que faire? La question était cruciale car ce sont quelques 3 millions d'italiens votant potentiels qui sont concernés, et autant donc en moins pour le décompte du quorum si leur vote n'est pas considéré valide...Panique à quelques jours de la tenue du scrutin. 
Les peurs sont désormais dissipées, avec un tel taux de participation il semble que la question ne soit plus là, mais bien de compter les jours de B. au pouvoir. On se prend à rêver d'un départ, à l'instar d'un Craxi, pour la Tunisie. Buon viaggio, presidente, là-bas ils savent désormais quoi faire des gibiers de ce genre...Forza!



5 juin 2011

Frémissement cadavérique


"On peut le comprendre que dans le cadre plus général de l'attitude des gens face au système. Celui-ci ne semble même plus tenir ses promesses sur le plan "matériel"; il n'y a plus d'horizon indéfini de "progrès". Devant cette situation, les gens réagissent de façons très diverses. Les uns, par apathie politique. Je crois aussi percevoir, et je ne crois pas être victime d'un optimisme qui fausserait mon jugement, un, disons, frémissement chez des gens plus jeunes, qui sont plus prêts qu'il y a dix ans à se poser des questions, à critiquer et peut-être même à faire quelque chose. Et puis, en effet, dans un autre partie de la population, où il y avait sans doute un terrain favorable, on observe effectivement des manifestations d'extrême droite: on trouve là tout un mélange de racisme "traditionnel", de désarroi, de ressentiment face à cette société, etc. Encore qu'il ne faille pas non plus sous-estimer le rôle de certaines manoeuvres électorales politiciennes du président Mitterrand pour faire perdre des voix à la droite traditionnelle; grâce auxquelles les socialistes, à mon avis, vont se retrouver un jour derrière Le Pen aux élections..."

Cornelius Castoriadis, une société à la dérive. Entretiens et débats 1974-1997.