"On peut le comprendre que dans le cadre plus général de l'attitude des gens face au système. Celui-ci ne semble même plus tenir ses promesses sur le plan "matériel"; il n'y a plus d'horizon indéfini de "progrès". Devant cette situation, les gens réagissent de façons très diverses. Les uns, par apathie politique. Je crois aussi percevoir, et je ne crois pas être victime d'un optimisme qui fausserait mon jugement, un, disons, frémissement chez des gens plus jeunes, qui sont plus prêts qu'il y a dix ans à se poser des questions, à critiquer et peut-être même à faire quelque chose. Et puis, en effet, dans un autre partie de la population, où il y avait sans doute un terrain favorable, on observe effectivement des manifestations d'extrême droite: on trouve là tout un mélange de racisme "traditionnel", de désarroi, de ressentiment face à cette société, etc. Encore qu'il ne faille pas non plus sous-estimer le rôle de certaines manoeuvres électorales politiciennes du président Mitterrand pour faire perdre des voix à la droite traditionnelle; grâce auxquelles les socialistes, à mon avis, vont se retrouver un jour derrière Le Pen aux élections..."
Cornelius Castoriadis, une société à la dérive. Entretiens et débats 1974-1997.
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