25 mai 2009

Coupat-ble!




"Si l'on traque avec tant d'avidité les témoignages "de l'intérieur" qui exposeraient enfin les secrets que la prison recèle, c'est pour mieux occulter le secret qu'elle est : celui de votre servitude, à vous qui êtes réputés libres tandis que sa menace pèse invisiblement sur chacun de vos gestes."

"Mais la plus remarquable imposture du système judiciaro-pénitentiaire consiste certainement à prétendre qu'il serait là pour punir les criminels quand il ne fait que gérer les illégalismes. N'importe quel patron – et pas seulement celui de Total –, n'importe quel président de conseil général – et pas seulement celui des Hauts-de-Seine–, n'importe quel flic sait ce qu'il faut d'illégalismes pour exercer correctement son métier. Le chaos des lois est tel, de nos jours, que l'on fait bien de ne pas trop chercher à les faire respecter et les stups, eux aussi, font bien de seulement réguler le trafic, et non de le réprimer, ce qui serait socialement et politiquement suicidaire."

"Le partage ne passe donc pas, comme le voudrait la fiction judiciaire, entre le légal et l'illégal, entre les innocents et les criminels, mais entre les criminels que l'on juge opportun de poursuivre et ceux qu'on laisse en paix comme le requiert la police générale de la société."

Julien Coupat, depuis sa geôle, Le Monde, 25 mai 2009.

16 mai 2009

Magistral naufrage


"Il n'était alors que second. Sur le Cygnus, un pétrolier qui battait pavillon libérien. Une époque où l'Afrique du Sud, alors sous embargo international, manquait cruellement de pétrole. Le Cygnus, plein à ras bord de brut iranien, avait déchargé sa cargaison à Port Elizabeth durant la nuit. Puis il avait repris la mer, par le cap de Bonne Espérance. Après avoir rempli ses cuves d'eau. Là ils avaient attendu les vents, la houle, n'importe quel brin de tempête.
Au sixième jour, ils avaient eu ce que cherchait le capitaine. Un roulis de vingt degrés. Un faible roulis pour un tel bateau. Le Cygnus était un navire de haute mer, construit pour affronter les intempéries. Le capitaine ordonna de naviguer écoutilles ouvertes, puis au lever du jour d'ouvrir les vannes. L'équipage fut invité à préparer ses valises. On mit les canots de sauvetage à la mer et ils s'y embarquèrent après avoir lancé des appels de détresse.
Le Cygnus coula majestueusement. S'y refusant presque. "Dommage". Ce fut le seul commentaire que s'accorda le capitaine."

Les marins perdus, Jean-Claude Izzo, 1997.

7 mai 2009

Autopromo


 Poursuite de notre petite promenade dans la grosse laverie des Vosges. Au passage j'en profite pour faire de la méchante auto promo aux habitués des parcours frichesques, s'il en reste. Vous trouverez chers visiteurs un nouveau lien sur ce blog, vers une gâterie répondant au blase "lascia perdere" (presque "laisse béton" en V.O.) Il s'agit d'une œuvre commune, quasi association de malfaiteurs, moi aux images et un sacré complice à la poésie. Depuis le temps que je le tannais tout en frimant pour faire moderne, bé voilà c'est fait, on y est, en ligne. C'est par ici.