30 avril 2008

De la tôle






"Tu t'excites. Piqûre. (...)
La première te fait gueuler, t'envoie au mitard. Dans la seconde, tu te trimballes, insensible. Quand on te libère, tu vas piquer à Orly. Pourtant, là, tu te fais pincer à tous les coups. C'est mathématique, suicidaire. C'est ton inconscient, qui le cherche. Il veut rentrer là dedans. Là où tu perds tes règles, où tu grossis, où tu t'atrophies des sens. Mais où tu es au chaud, quadrillée, infantilisée, où on te file à bouffer. Dehors, il y a la vie. La tienne, elle est dégueulasse. Décider, exister, on ne te l'a jamais enseigné. Tu ne sais pas. Tu ne peux pas. C'est justement pour ça que tu t'es retrouvée en taule. Et pour ça que tu y reviens."

Charlie Hebdo 20 janvier 1977, Sylvie Caster.

26 avril 2008

L'affaire est dans le SAC



"Un mec que la justice oblige aussi, c'est Jean Auboin. Jean Auboin est premier vice-président du tribunal de Paris. On lui doit seize coupures de son et la suppression d'une séquence dans "Le juge Fayard, dit le shériff", le dernier film d'Yves Boisset. Seize coupures du mot "SAC" lâché par ou contre des truands qui se vantent d'en faire partie et la suppression d'une séquence où une petite frappe sort une carte du SAC à de fins d'intimidation. Ceci pour éviter au SAC un préjudice considérable. C'est raté. Pas parce qu'Yves Boisset a remplacé le mot "SAC" par un signal sonore et que la salle se fend la gueule à chaque fois qu'il retentit. Parce que le SAC s'est taillé tout seul une réputation d'organisation de malfrats au service du pouvoir et protégée par le pouvoir. (...)
Si demain, la mafia demande que le mot "mafia" soit sucré de la bande sonore d'un film qui la présente nommément comme une association internationale de grand banditisme, la mafia peut compter sur Jean Baudoin, premier vice-président du tribunal de Paris, pour obtenir satisfaction."

Charlie Hebdo 20 janvier 1977, Papier de Xéxès.

10 avril 2008

Du vert dans les tuyaux...


Grenelle et Pimprenelle sont sur un bateau farci aux OGM... Monsanto "Food, health, hope" et consorts à la barre pour un monde meilleur que les obscurantistes de tout poil veulent couler...Nan mais faut vous le dire comment qu'il y a pas mieux pour éradiquer la faim dans le monde, merde! A les écouter on se trimbalerait encore en Vélot. Faites un peu confiance au scientisme bon sang de bois! Moins de pesticides, plus de bouffe, tout le temps et par tout temps, à pas cher...Aller, fini tes gènes et file au lit!

Made in Uckange



La flamme du grand bazar s'est éteinte, on a soufflé dessus...Bhâ, trop polluant pour chez nous, trop cher, trop moche dans l'horizon...C'était en 1991 qu'on a craché sur la bougie, mais de la ferraille on en bouffe encore, sauf qu'elle vient de plus loin, ptête bien que c'est encore un coup des chinois...N'empêche qu'en bons schyzos de l'ouest démocrates, on reluque pas trop les étiquettes quand il s'agit de remplir son caddie, hein? Bande de faux derches! On mollarde dans la soupe mais faudrait pas faire l'inventaire de nos ptits intérieurs, pass que là, côté "made in" y aurait plus qu'à la jouer profil bas! Déconnez pas avec vot' démocratie, vous y perdriez vot' pouvoir d'achat! Z'êtes bien tous pareils, du beurre et des jeux, et l'argent de la crémière...Patron! La même, sans glace....

3 avril 2008

Les artères jugulèrent








"Alors, des hommes armés de lances d'arrosage aspergent de pétrole les tas d'oranges et ces hommes sont furieux d'avoir à commettre ce crime, et leur colère se tourne contre les gens qui sont venus pour ramasser les oranges.
Un million d'affamés ont besoin de fruits et on arrose de pétrole les montagnes dorées et l'odeur de pourriture envahit la contrée. Les gens s'en viennent armés d'épuisettes pour pêcher les pommes de terre dans la rivière, et les gardes les repoussent. Ils s'amènent dans de vieilles guimbardes pour tâcher de ramasser quelques oranges, mais on les a arrosées de pétrole. Alors, ils restent plantés là et regardent flotter les pommes de terre au fil du courant.
Ils écoutent les hurlements des porcs qu'on saigne dans un fossé et qu'on recouvre de chaux vive, regardent les montagnes d'orange peu à peu se transformer en bouillie fétide, et la consternation se lit dans les regards et la colère commence à luire dans les yeux de ceux qui ont faim. Dans l'âme des gens, des raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines."

J. Steinbeck, Les raisins de la colère (1939).