25 août 2012

EuropAAA


"Cette Europe, il est horrible de penser qu'une imprudence, une fatuité, une provocation imbécile ou la convoitise d'un groupe bancaire, puisse déchaîner un conflit soudain. C'est d'une coterie infime, qu'il dépend en fait de déclencher l'impensable."

Jean Jaurès, L'humanité, 1910.


Le jour viendra....



"Nous sommes là en présence d'une politique qui s'est dissimulée sous le masque de la technique militaire en lui empruntant des arguments de circonstance et cette politique est celle que nous suggérait l'Allemagne. On pensait jusqu'ici que le maréchal Pétain en appuyant l'ouvrage du général Chauvineau s'était borné à soutenir des sottises et qu'il se rendait complice d'une simple erreur militaire. Nous ne songeons pas à contester ici la médiocrité du Maréchal mais il importe de se rendre compte qu'elle ne l'a pas empêché de se mettre au service d'une manoeuvre politique destinée à aider l'ennemi et de se rendre ainsi coupable d'une véritable trahison.
Le jour viendra en effet et peut-être bientôt où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l'Axe Rome-Berlin pour lui livrer la domination de l'Europe en détruisant nos alliances et nos amitiés. Les responsabilités des militaires français ne peuvent se séparer sur ce point de celles des politiciens comme Laval, des journalistes comme Brinon, des hommes d'affaires comme ceux du Creusot, des hommes de main comme les agitateurs du 6 février, mais si elles ne sont pas les seules elles n'en apparaissent que comme plus dangereuses et plus coupables pour s'être laissé entraîner dans ce vaste ensemble. Dans l'instruction du procès de la vaste entreprise de trahison, le livre du général Chauvineau constitue dès aujourd'hui un document de tout premier ordre."

A propos d'un livre trop peu connu, texte de Marc Bloch, publié le 6 avril 1944 dans la revue Les Cahiers politiques, annexé à L'étrange défaite.


1 août 2012

La guerre qui vient


"En dépit des apparences démocratiques, en France, le peuple ne contrôle pas ses gouvernements. Un groupe étroit s'est emparé des conseils d'administration des grandes sociétés financières. Ces quelques hommes tiennent entre leurs mains, les banques, les mines, les chemins de fer, les compagnies de navigation, bref tout l'outillage économique de la France. Sans oublier, la sidérurgie et les fabriques d'armes, d'où sortent de croissants profits. Ils dominent le parlement et ont à leur solde la grande presse. La guerre ne leur fait pas peur et ils la considéreraient même avec intérêts. Nos banques ont gardé le souvenir des bénéfices énormes réalisés par elles en 1871."
Francis Delaisi, économistes français, dans La guerre qui vient, 1911.

Cité par H. Guillemin, le 20 mai 1972 dans sa conférence intitulée "La guerre se prépare".