"Quand il a débarqué à la gare de Metz avec son grand chapeau de cow-boy, ses Reebok blanches, son quintal à l'aise dans son vieux jogging gris, j'ai d'abord eu du mal à le reconnaître. Mais c'était bien lui. Joël Bucher, banquier d'Abu Dhabi, de Taipei, de Londres ou de Séoul. Il râle parce que le train a du retard et que le contrôleur l'a fait suer...Joël a un fichu caractère, mais c'est sans doute le banquier le plus passionnant que je connaisse. Enfin, l'ex-banquier. Désormais consultant en commerce international, il a quitté la banque, sa banque, la Société Générale, en 1995. Depuis il monte des opérations entre les pays arabes ou asiatiques et la France, et vit entre Taïwan, Dubaï et Bordeaux.
Joël est vraiment un dur à suivre, et au début j'ai eu du mal à le suivre. Je pensais que tout ce qu'il racontait - les palais dans le désert, les attaques par virus informatique, les mafieux chinois, les filatures policières, les comptes bancaires secrets des hommes et des femmes politiques, les voiliers de trente mètres de long à l'intérieur en bois, les astuces bancaires des trafiquants d'armes, les acrobaties bancaires de la société Thomson, les prête-noms en Suisse, les cinq milliards de dollars sur le compte de Monsieur Wang, la défenestration du fils d'un chef de la DGSE, l'empressement avec lequel les banquiers se servent en arnaquant les épargnants, les actionnaires et les lecteurs du magazine Investir, tout ça et bien d'aitres choses encore...- était un rêve éveillé, que Joël en rajoutait pour se faire mousser, qu'il n'avait pas pu vivre autant de vies, être présent à autant d'endroits, détenir autant de preuves de ce qu'il disait.
Aujourd'hui, je sais qu'il dit vrai."
Tout Clearstream, la boîte noire, Denis Robert, 2011.
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