"La France a toujours assimilé des nourritures étrangères. Cette assimilation, c'est toute son histoire depuis le XVI ème siècle au moins. Mais, depuis 1930, tantôt par admiration, tantôt par épouvante, une partie de la France est en état d'hypnose devant l'Europe brutalisée.
Madame Charroux, qui pleurait l'autre soir, parce que deux françaises oubliaient devant les Allemands la dignité du vaincu, me parle aujourd'hui de communisme. La peur du communisme la met en état de transe. Mais elle n'a peur que d'un mot. Ce qu'elle connaît du communisme lui vient des journaux. Elle ne sait pas que Staline l'a tué. Et je me demande si sa haine du lointain Staline n'égale pas celle du proche Hitler.
La détresse où nous sommes anéantit un instant mon égoïsme.
Quoi est vrai? La guerre, la politique, l'homme, Dieu? Dieu existe peut-être, mais plus loin que les religions ne l'ont mis. Tel qu'on nous le présente, il est une solution facile, bonne pour la paix, bonne pour la guerre, bonne pour les saints et les criminels de droit commun. Il me fait penser à ces outils à tous usages que les mécaniciens méprisent et qui sont à la fois pince, tenaille, marteau et tournevis."
Léon Werth, 33 jours.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire